Alfred Meißner

Alfred Meißner (* Teplice, aujourd’hui en République tchèque, 15 octobre 1822 – † Bregenz, 29 mai 1885) est le fils d’un médecin de Karlovy Vary (Karlsbad) et d’une Écossaise, et le petit-fils de August Gottlieb Meißner (1753–1807), professeur d’esthétique à l’Université de Prague et écrivain. Son rapport à la France est associé à son séjour à Paris dans les années précédant la révolution de 1848 ainsi qu’au nom de Heinrich Heine.
Biographie

Alfred Meißner était issu de la bourgeoisie libérale cultivée, hostile à l’État des Habsbourg (sa famille recueillit ainsi des réfugiés polonais après le soulèvement de 1830). Il incarna, avec son ami Moritz Hartmann, avec qui il entra simultanément sur la scène littéraire, cette génération d’opposition libérale en Bohême, proche de la Jeune Allemagne. Après avoir fréquenté le lycée des Piaristes à Ostrov (Schlackenwerth), puis celui de la Vieille-Ville de Prague, Meißner choisit la carrière médicale et commença ses études en 1840 à l’Université de Prague. En 1845, il fit paraître un premier recueil de poésie qui témoigne de son intérêt pour la question sociale, puis, une fois diplômé en 1846, il mena d’abord de front sa carrière de médecin à l’hôpital et sa carrière littéraire, s’intéressant particulièrement à l’histoire de la Bohême, notamment à l’époque des guerres hussites (XVe siècle). Ainsi écrivit-il en 1846 son poème épique à la gloire du chef hussite, Žiška, mais il dut, comme beaucoup de ses contemporains autrichiens, se rendre à Leipzig pour le publier et contourner la censure.
Le succès de l’ouvrage le convainquit d’abandonner la profession de médecin et il partit pour Paris où il vécut dans la rue du Faubourg Poissonnière, c’est-à-dire la rue où vivait également Heinrich Heine[1] (1797–1856), son modèle, avec lequel il se lia d’amitié. Les souvenirs rassemblés par Meißner firent l’objet de plusieurs ouvrages réédités à différentes reprises, tels que 'Die Matratzengruft' (Baden Baden : P. Keppler 1947 ; il s’agit d’une compilation des chapitres de l’autobiographie de Meißner évoquant ses rencontres avec Heine) et Ich traf auch Heine in Paris (édité par Rolf Weber, Berlin : Der Morgen 1973).
De retour à Prague dix mois plus tard, il assista et prit part aux événements de l’année 1848. Élu au comité national de Bohême, il renonça à cette place en avril 1848 et se rendit à Francfort où il se lança dans le journalisme et fut un proche du parti des démocrates. Après l’échec du Parlement de Francfort, Meißner rentra en Bohême où il fit paraître un récit de son séjour parisien (Revolutionäre Studien aus Paris [Études révolutionnaires de Paris], 1849) et l’épopée comique Der Sohn des Ata Troll. Dans les années 1850 et 1860, il se consacra à l’écriture de romans rédigés avec la collaboration secrète de Franz Hedrich[2] qui mit un terme à leur travail à quatre mains et provoqua un scandale en révélant qu’il était en réalité l’auteur desdits romans[3]. Cela contribua à conduire Meißner, retiré depuis 1869 à Bregenz, au suicide. Son autobiographie, Geschichte meines Lebens [Histoire de ma vie], dont le titre était un hommage à George Sand, était parue l’année précédente.
Références et liens externes
Bibliographie
Œuvres d’Alfred Meißner (sélection)
- Gesammelte Werke, XVIII vol., Leipzig: F. W. Grunow, 1871-1876.
- Revolutionäre Studien aus Paris. 2 vol. Francfort-sur-le-Main : Literarische Anst. 1849.
- Die Matratzengruft. Baden Baden : P. Keppler 1947.
- Ich traf auch Heine in Paris. Unter Künstlern u. Revolutionären in den Metropolen Europas. Éd. par Rolf Weber. Berlin : Der Morgen 1973.
- Geschichte meines Lebens. 2 vol. Teschen/Vienne : Prochaska 1884.
Littérature critique
- Häusler, Wolfgang : „Alfred Meißner – Ein deutschböhmischer Dichter zwischen Sozialismus und Nationalismus”, in Dvořák, Johann (éd.), Radikalismus, demokratische Strömungen und die Moderne in der österreichischen Literatur, Frankfurt am Main, Peter Lang, 2003, p. 123-140.
- Leclerc, Hélène : « „Ob deutsch, ob böhmisch endlich siegen soll“. Dilemmes et contradictions chez Alfred Meißner (1822-1885) à la veille de 1848 », in Cozic, Alain, Knopper, Françoise (dir.), Formes et figures du déchirement dans les lettres et la pensée allemande, Paris, L’Harmattan, 2006, p. 109-129.
- Leclerc, Hélène : Une littérature entre deux peuples. Écrivains de langue allemande en Bohême 1815-1848, Toulouse : Presses Universitaires du Mirail, 2011.
Auteur
Hélène Leclerc
Mise en ligne : 14/10/2024