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Le 13 mars 1938, jour de l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne hitlérienne, la jeune femme prit le chemin de l’exil, dans un premier temps pour Paris, où elle retrouva entre autres Carl Furcht (« Carli »), Walter Mehring<ref>https://www.deutsche-biographie.de/118579983.html</ref>, Hans Natonek<ref>https://www.deutsche-biographie.de/gnd11883276X.html#ndbcontent</ref>, Ernst Weiß<ref>https://www.deutsche-biographie.de/sfz122845.html#ndbcontent </ref>, [[Joseph Roth]], Franz Werfel, Alma Mahler-Werfel<ref>https://www.geschichtewiki.wien.gv.at/Alma_Mahler-Werfel</ref>, ainsi qu’[[Ödon von Horváth]], dont elle devrait identifier le corps après sa mort accidentelle à Paris le 1<sup>er</sup> juin 1938. Hertha Pauli écrivit alors des textes antinazis à destination de l’Allemagne et de la Russie et fut en contact avec les milieux soutenant les Brigades internationales engagées en Espagne. En août 1939, elle séjourna à Clairac dans le Lot-et-Garonne, où elle n’était censée rester que quinze jours, mais où elle fut retenue après avoir été dénoncée pour défaut d’autorisation de séjour. À Clairac, elle entama une idylle amoureuse avec un résistant français, Gilbert Dubois, histoire qu’elle publia en 1942, sous le titre '' Fremd in Frankreich'' ['' Étrangère en France''], dans le '' Neue Volkszeitung''.
Le 13 mars 1938, jour de l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne hitlérienne, la jeune femme prit le chemin de l’exil, dans un premier temps pour Paris, où elle retrouva entre autres Carl Furcht (« Carli »), Walter Mehring<ref>https://www.deutsche-biographie.de/118579983.html</ref>, Hans Natonek<ref>https://www.deutsche-biographie.de/gnd11883276X.html#ndbcontent</ref>, Ernst Weiß<ref>https://www.deutsche-biographie.de/sfz122845.html#ndbcontent </ref>, [[Joseph Roth]], Franz Werfel, Alma Mahler-Werfel<ref>https://www.geschichtewiki.wien.gv.at/Alma_Mahler-Werfel</ref>, ainsi qu’[[Ödon von Horváth]], dont elle devrait identifier le corps après sa mort accidentelle à Paris le 1<sup>er</sup> juin 1938. Hertha Pauli écrivit alors des textes antinazis à destination de l’Allemagne et de la Russie et fut en contact avec les milieux soutenant les Brigades internationales engagées en Espagne. En août 1939, elle séjourna à Clairac dans le Lot-et-Garonne, où elle n’était censée rester que quinze jours, mais où elle fut retenue après avoir été dénoncée pour défaut d’autorisation de séjour. À Clairac, elle entama une idylle amoureuse avec un résistant français, Gilbert Dubois, histoire qu’elle publia en 1942, sous le titre '' Fremd in Frankreich'' ['' Étrangère en France''], dans le '' Neue Volkszeitung''.


Elle regagna Paris fin novembre 1939. Le 9 juin 1940, son groupe d’amis décida d’adresser « au nom de nous tous » un télégramme d’appel au secours à Thomas Mann<ref> https://www.deutsche-biographie.de/sfz57778.html</ref> aux États-Unis. Deux jours plus tard, le gouvernement français ayant quitté Paris désormais ouvert aux Allemands, Hertha Pauli et Walter Mehring partirent pour le sud de la France, espérant gagner Marseille (Bauer / Dürney 1994). Ce fut le début d’un long périple, relaté dans '' Der Riß der Zeit geht durch mein Herz'' ['' La déchirure du temps'', Presses de la Cité 1972], qui la conduisit d’abord à Orléans, puis Bayonne, Oloron, Lourdes, où elle croisa les époux Werfel, Toulouse, où elle retrouva « Carli », et enfin Marseille où se trouvaient également Heinrich Mann<ref>https://www.deutsche-biographie.de/118577131.html</ref>, Lion Feuchtwanger<ref>https://www.dhm.de/lemo/biografie/lion-feuchtwanger</ref>, les époux Werfel, le romancier Leonhard Frank<ref>https://www.deutsche-biographie.de/118534793.html</ref> ou encore l’écrivaine Adrienne Thomas<ref> https://www.deutsche-biographie.de/117345563.html</ref>. Depuis la signature de l’armistice le 22 juin 1940, les ressortissants allemands et autrichiens étaient menacés d’être remis aux autorités allemandes. Hertha Pauli, dont le père était né à Prague, parvint à obtenir un passeport tchèque auprès du consulat tchèque de Marseille et elle fit partie des nombreux écrivains sauvés par l’''Emergency Rescue Committee'' de Varian Fry<ref>https://www.deutsche-biographie.de/116843373.html</ref>. Hertha Pauli réussit donc à gagner les États-Unis, via l’Espagne et le Portugal, et arriva à New York le 12 septembre 1940.
Elle regagna Paris fin novembre 1939. Le 9 juin 1940, son groupe d’amis décida d’adresser « au nom de nous tous » un télégramme d’appel au secours à Thomas Mann<ref> https://www.deutsche-biographie.de/sfz57778.html</ref> aux États-Unis. Deux jours plus tard, le gouvernement français ayant quitté Paris désormais ouvert aux Allemands, Hertha Pauli et Walter Mehring partirent pour le sud de la France, espérant gagner Marseille (Bauer / Dürney 1994). Ce fut le début d’un long périple, relaté dans '' Der Riß der Zeit geht durch mein Herz'' ['' La déchirure du temps'', Presses de la Cité 1972], qui la conduisit d’abord à Orléans, puis Bayonne, Oloron, Lourdes, où elle croisa les époux Werfel, Toulouse, où elle retrouva « Carli », et enfin Marseille où se trouvaient également Heinrich Mann<ref>https://www.deutsche-biographie.de/118577131.html</ref>, Lion Feuchtwanger<ref>https://www.dhm.de/lemo/biografie/lion-feuchtwanger</ref>, les époux Werfel, le romancier Leonhard Frank<ref>https://www.deutsche-biographie.de/118534793.html</ref> ou encore l’écrivaine [[Adrienne Thomas]]. Depuis la signature de l’armistice le 22 juin 1940, les ressortissants allemands et autrichiens étaient menacés d’être remis aux autorités allemandes. Hertha Pauli, dont le père était né à Prague, parvint à obtenir un passeport tchèque auprès du consulat tchèque de Marseille et elle fit partie des nombreux écrivains sauvés par l’''Emergency Rescue Committee'' de Varian Fry<ref>https://www.deutsche-biographie.de/116843373.html</ref>. Hertha Pauli réussit donc à gagner les États-Unis, via l’Espagne et le Portugal, et arriva à New York le 12 septembre 1940.


Elle rejoignit ensuite Walter Mehring à Hollywood, où elle collabora à l’écriture de scénarios. Elle fit alors la connaissance du traducteur E. B. Ashton, de son vrai nom Ernst Basch, qu’elle épousa en 1951. Installée à Long Island à partir de 1948, elle poursuivit sa carrière d’écrivain et de journaliste aux États-Unis, où elle connut un véritable succès notamment comme auteure de biographies (''Alfred Nobel'', 1942), de livres pour enfants (''Silent Night. The Story of a Song'', 1943, son plus grand succès) ou de romans historiques ('' The Secret of Sarajevo. The Story of Franz Ferdinand and Sophie'', 1965) publiés en anglais grâce à la collaboration de son mari, puis en allemand.  
Elle rejoignit ensuite Walter Mehring à Hollywood, où elle collabora à l’écriture de scénarios. Elle fit alors la connaissance du traducteur E. B. Ashton, de son vrai nom Ernst Basch, qu’elle épousa en 1951. Installée à Long Island à partir de 1948, elle poursuivit sa carrière d’écrivain et de journaliste aux États-Unis, où elle connut un véritable succès notamment comme auteure de biographies (''Alfred Nobel'', 1942), de livres pour enfants (''Silent Night. The Story of a Song'', 1943, son plus grand succès) ou de romans historiques ('' The Secret of Sarajevo. The Story of Franz Ferdinand and Sophie'', 1965) publiés en anglais grâce à la collaboration de son mari, puis en allemand.  

Dernière version du 21 mars 2025 à 09:14

Hertha Pauli

Hertha Pauli (* 4 septembre 1906 à Vienne, † 9 février 1973 à New York) est née dans une famille autrichienne d’intellectuels. Son destin est étroitement lié à la période de l’exil en France consécutif à l’Anschluss.

Biographie

Son père, Juif converti au catholicisme, était médecin et biochimiste à l’Université de Vienne, sa mère, journaliste et engagée dans la cause féministe. Hertha Pauli débuta sa carrière comme comédienne, à Breslau (aujourd’hui Wrocław en Pologne) en 1925, avant de rejoindre la troupe de Max Reinhardt à Berlin en 1927. Elle écrivit ensuite des pièces radiophoniques, des nouvelles et des poèmes publiés dans divers journaux berlinois et pragois. À la faveur d’un petit rôle dans la représentation berlinoise de Geschichten aus dem Wiener Wald [Légendes de la forêt viennoise], elle fait la connaissance du dramaturge austro-hongrois Ödon von Horváth. En 1929, elle épousa le comédien Carl Behr, qui décéda cinq ans plus tard, et rentra en 1933 à Vienne où elle rencontra Carl Frucht[1], avec lequel elle fonda une agence littéraire, l’ Österreichische Korrespondenz [ Le correspondant autrichien]. En 1934, elle se lia d’amitié avec l’écrivain allemand Walter Mehring et publia en 1936 un premier roman, Toni, puis, en 1937, un « roman biographique » consacré à la pacifiste autrichienne Bertha von Suttner : Nur eine Frau. Bertha von Suttner [ Rien qu’une femme. Bertha von Suttner].

Le 13 mars 1938, jour de l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne hitlérienne, la jeune femme prit le chemin de l’exil, dans un premier temps pour Paris, où elle retrouva entre autres Carl Furcht (« Carli »), Walter Mehring[2], Hans Natonek[3], Ernst Weiß[4], Joseph Roth, Franz Werfel, Alma Mahler-Werfel[5], ainsi qu’Ödon von Horváth, dont elle devrait identifier le corps après sa mort accidentelle à Paris le 1er juin 1938. Hertha Pauli écrivit alors des textes antinazis à destination de l’Allemagne et de la Russie et fut en contact avec les milieux soutenant les Brigades internationales engagées en Espagne. En août 1939, elle séjourna à Clairac dans le Lot-et-Garonne, où elle n’était censée rester que quinze jours, mais où elle fut retenue après avoir été dénoncée pour défaut d’autorisation de séjour. À Clairac, elle entama une idylle amoureuse avec un résistant français, Gilbert Dubois, histoire qu’elle publia en 1942, sous le titre Fremd in Frankreich [ Étrangère en France], dans le Neue Volkszeitung.

Elle regagna Paris fin novembre 1939. Le 9 juin 1940, son groupe d’amis décida d’adresser « au nom de nous tous » un télégramme d’appel au secours à Thomas Mann[6] aux États-Unis. Deux jours plus tard, le gouvernement français ayant quitté Paris désormais ouvert aux Allemands, Hertha Pauli et Walter Mehring partirent pour le sud de la France, espérant gagner Marseille (Bauer / Dürney 1994). Ce fut le début d’un long périple, relaté dans Der Riß der Zeit geht durch mein Herz [ La déchirure du temps, Presses de la Cité 1972], qui la conduisit d’abord à Orléans, puis Bayonne, Oloron, Lourdes, où elle croisa les époux Werfel, Toulouse, où elle retrouva « Carli », et enfin Marseille où se trouvaient également Heinrich Mann[7], Lion Feuchtwanger[8], les époux Werfel, le romancier Leonhard Frank[9] ou encore l’écrivaine Adrienne Thomas. Depuis la signature de l’armistice le 22 juin 1940, les ressortissants allemands et autrichiens étaient menacés d’être remis aux autorités allemandes. Hertha Pauli, dont le père était né à Prague, parvint à obtenir un passeport tchèque auprès du consulat tchèque de Marseille et elle fit partie des nombreux écrivains sauvés par l’Emergency Rescue Committee de Varian Fry[10]. Hertha Pauli réussit donc à gagner les États-Unis, via l’Espagne et le Portugal, et arriva à New York le 12 septembre 1940.

Elle rejoignit ensuite Walter Mehring à Hollywood, où elle collabora à l’écriture de scénarios. Elle fit alors la connaissance du traducteur E. B. Ashton, de son vrai nom Ernst Basch, qu’elle épousa en 1951. Installée à Long Island à partir de 1948, elle poursuivit sa carrière d’écrivain et de journaliste aux États-Unis, où elle connut un véritable succès notamment comme auteure de biographies (Alfred Nobel, 1942), de livres pour enfants (Silent Night. The Story of a Song, 1943, son plus grand succès) ou de romans historiques ( The Secret of Sarajevo. The Story of Franz Ferdinand and Sophie, 1965) publiés en anglais grâce à la collaboration de son mari, puis en allemand.

Références et liens externes

Bibliographie

Œuvres (sélection)

  • Nur eine Frau. Bertha von Suttner. Biographischer Roman. Vienne / Leipzig : Zeitbild-Verlag 1937.
  • Alfred Nobel. Dynamite King-Architect of Peace. New York : Gottfried Bermann Fischer 1942.
  • Silent Night. The Story of a Song. New York : Knopf 1943.
  • Jugend nachher. Vienne : Zsolnay 1959 [nouvelle édition : Milena Verlag 2019].
  • Der Riß der Zeit geht durch mein Herz. Ein Erlebnisbuch. Vienne : Zsolnay 1970.

Littérature critique

  • Bauer, Barbara / Dürney, Renate : Walter Mehring und Hertha Pauli im Exil. In : Wolfgang Benz / Marion Neiss (dir.) : Deutsch-jüdisches Exil: Das Ende der Assimilation?. Berlin : Metropol-Verlag 1994.
  • Blumesberger, Susanne / Seibert, Ernst (dir.) : « Eine Brücke über den Riss der Zeit… » Das Leben und Wirken der Journalistin und Schriftstellerin Hertha Pauli (1906–1973). Vienne : Praesens 2012.
  • Krohn, Claus-Dieter, et al. (dir.) : Handbuch der deutschsprachigen Emigration 1933-1945. In Zusammenarbeit mit der Gesellschaft für Exilforschung. Darmstadt: Wissenschaftliche Buchgesellschaft 2008.
  • Röder, Werner / Strauss, Herbert A. : Biographisches Handbuch der deutschsprachigen Emigration nach 1933 / International biographical dictionary of Central European émigrés 1933–1945. Hg. vom Institut für Zeitgeschichte München und von der Research *Foundation for Jewish Immigration. München [u. a.] : Saur 1980–1999.

Auteur

Hélène Leclerc

Mise en ligne : 14/10/2024