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Issue d’une famille franco-autrichienne, c’est sous le pseudonyme de Dominique Auclères que Suzanne Clauser s’est fait connaître en France comme traductrice et comme journaliste. Son rôle de passeur littéraire est étroitement lié à l’œuvre d’[[Arthur Schnitzler]], dont elle a influencé de façon décisive la réception en France dès la fin des années 20. Outre son influence sur la réception de Schnitzler en France, Dominique Auclères est surtout connue grâce à son activité de « grand reporter » pour les quotidiens ''Le Journal'' (1934-1939) et ''Le Figaro'' (1945-1975) où elle s’impose comme spécialiste de l’Europe centrale et des Balkans. Ses expériences de « grand reporter » et de journaliste spécialiste de politique (étrangère) lui ont inspiré deux ouvrages : ''Mes quatre vérités'', Vent du large, 1948, et ''Mes fenêtres'' sur l’Histoire, Plon, 1978. Parmi ses autres publications, on peut citer : ''Anastasia, qui êtes-vous ?'', Hachette, 1962, une « docufiction » consacrée à Anastasia, l’une des filles du tsar Nicolas II, deux livres sur la dynastie des Habsbourg : ''Les Enfants de Toscane'', Presses de la Cité, 1969 (il s’agit vraisemblablement des enfants du grand-duc de Toscane, Ferdinand IV de Habsbourg-Toscane, 1835-1908), et ''Soleil d’exil : le bannissement des Habsbourg'', Presses de la Cité, 1974. | |||
==La rencontre avec Schnitzler, la voie vers la traduction== | |||
Suzanne Clauser n’appartient pas au milieu professionnel de la traduction. Son père, le banquier Wilhelm Adler, étant franco-autrichien, elle grandit dans le bilinguisme, et lorsqu’en novembre 1928 elle présente à Schnitzler sa traduction française de la nouvelle ''Fleurs'', elle est déjà mariée avec Friedrich Clauser, employé de banque, et mère de deux enfants. C’est le début d’une étroite collaboration et vraisemblablement aussi d’une relation intime qui marque les trois dernières années de la vie de l’écrivain. (Suzanne Clauser est considérée comme le « dernier amour » de Schnitzler). | |||
Manifestement convaincu par le talent linguistique de Suzanne Clauser, et dans l’espoir qu’elle puisse faire jouer les relations professionnelles de son beau-frère à Paris pour redonner de l’élan à la publication de ses œuvres en France, alors au point mort, Schnitzler met un terme à sa collaboration avec d’autres traducteurs ([[Alzir Hella]], [[Maurice Rémon]]) et lui transfère les droits pour toutes les nouvelles traductions en français, avant, pour finir, de la désigner dans un codicille à son testament daté de mars 1931, comme unique ayant-droit de toutes les publications en langue française. | |||
S’agissant de la diffusion de l’œuvre de Schnitzler en France, l’activité de Suzanne Clauser s’applique à trois domaines : d’abord les traductions, ensuite les relations avec les rédacteurs de journaux et revues ainsi qu’avec les éditeurs, enfin la rédaction de préfaces et d’articles qui accompagnent la publication de son œuvre et en influencent la réception. | |||
Et de fait, grâce à l’activité de Suzanne Clauser, les textes de Schnitzler gagnent en visibilité. C’est ainsi qu’en 1929, l’hebdomadaire ''Gringoire''<ref>https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32784069f/date&rk=21459;2</ref>, d’orientation nationaliste et dont les pages littéraires sont dirigées par le célèbre romancier Joseph Kessel<ref>https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/joseph-kessel</ref>, publie une série de récits et nouvelles, repris la même année par les éditions Stock dans un recueil de nouvelles intitulé ''La Pénombre des âmes'' et préfacé par le germaniste Félix Bertaux<ref>https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb11891637s</ref>. Entre 1929 et la mort de Schnitzler en 1931, ''Gringoire'' publie dix textes de l’écrivain autrichien, puis encore six autres jusqu’en 1939. Sur l’incitation de Suzanne Clauser, les revues ''Candide'', ''Revue hebdomadaire'', ''Revue de France'' et ''Revue d’Allemagne'' publient elles aussi des œuvres de Schnitzler. À quoi s’ajoutent d’une part chez Stock trois recueils de nouvelles<ref>pour le détail des titres cf. Zieger, 2012, p. 154 sq.</ref> : ''La Pénombre des âmes'' (1929), ''L’Appel des ténèbres'' (1932, préface de [[Paul Géraldy]]), et ''Mademoiselle Else'' (1932, comportant la nouvelle qui donne son titre au recueil dans la traduction de Clara Katharina Pollaczek<ref>https://www.deutsche-biographie.de/pnd13950916X.html</ref>, ainsi que plusieurs nouvelles du recueil ''La Pénombre des âmes'', traduites par Suzanne Clauser), d’autre part, en 1931 chez Albin Michel, le roman ''Thérèse. Chronique d’une vie de femme'', préfacé par Louis Gillet<ref>https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/louis-gillet</ref>. | |||
En ce qui concerne le théâtre, Suzanne Clauser reprend la traduction de la ''Ronde'' publiée chez Stock en 1912 par Maurice Rémon<ref>https://data.bnf.fr/fr/11921460/maurice_remon/</ref> et Wilhelm Bauer, et la retravaille pour la mise en scène de [[Georges Pitoëff]] en 1932 – les pleins pouvoirs « relatifs aux questions françaises » lui permettent de contourner les dispositions de Schnitzler qui interdisaient les représentations de la ''Ronde''. Avec André Mauprey<ref>https://lesarchivesduspectacle.net/p/53448-Andre-Mauprey</ref>, directeur du Théâtre de l’Odéon, elle met au point une traduction de ''Das weite Land'' qui existait sous forme de tapuscrit : mais en dépit d’un précontrat signé au printemps 1931 (donc du vivant de Schnitzler), la mise en scène prévue pour la saison 1931/32 ne voit jamais le jour. | |||
La réédition, le 15 août 1930, dans la ''Revue d’Allemagne'' de la pièce en un acte ''Les derniers masques'', qui fait partie du cycle ''Heures vives'' (1901-1902, ''Lebendige Stunden''), déjà publiée en novembre 1912 dans la ''Revue bleue'', dans la traduction de Maurice Rémon révisée par Suzanne Clauser, est l’occasion d’un premier article substantiel que Clauser consacre à l’œuvre de Schnitzler, dans le même numéro de la ''Revue d’Allemagne''. Cet essai qui, très naturellement, place au premier plan l’œuvre dramatique de Schnitzler, ne néglige pas pour autant les textes narratifs et s’efforce de rendre justice aux différentes facettes de l’œuvre. Suzanne Clauser rédige aussi la nécrologie de Schnitzler dans la ''Revue d’Allemagne'' du 15 décembre 1931, et assure la réalisation du numéro hors-série de cette même revue consacré à la mémoire de l’écrivain (15 mai 1932) ; on peut y lire, traduites en français par Suzanne Clauser, des contributions de [[Franz Werfel]], [[Stefan Zweig]], Alfred Kerr<ref>https://www.geschichtewiki.wien.gv.at/Alfred_Kerr</ref>, [[Felix Salten]] et [[Raoul Auernheimer]], ainsi que des hommages de [[Marcel Dunan]] et Louis Gillet accompagnés d’extraits illustrant l’un ou l’autre de ces articles. | |||
Après la mort de Schnitzler, en particulier après la Seconde Guerre mondiale, Suzanne Clauser – désormais sous le pseudonyme de Dominique Auclères – se consacre de plus en plus, et presque exclusivement, à sa carrière de journaliste. Après la publication, en 1953, des nouvelles ''Les Dernières cartes'' (''Spiel im Morgengrauen'', 1927) et ''Rien qu’un rêve'' (''Traumnovelle'', 1926) dans un volume intitulé ''Les Dernières cartes'', c’est seulement dans les années 70 que Suzanne Clauser revient à l’œuvre de Schnitzler, reprenant un certain nombre de ses traductions à des fins de révision et de réédition. Au cours des années soixante, elle avait traduit Erich Maria Remarque : ''Le ciel n’a pas de préférés'', Presses de la Cité, 1962 [''Der Himmel kennt keine Günstlinge''], ''La nuit de Lisbonne'', Plon 1963 [''Die Nacht von Lissabon''], mais aussi le Comte Michael Soltikow, ''Sosnowski, l’espion de Berlin'', Presses de la Cité, 1961, Richard Nikolaus Coudenhove-Kalergi, ''Europe, puissance mondiale'', Stock, 1972 [''Weltmacht Europa''] et, en collaboration avec Michel Brottier, les ''Spandauer Tagebücher'' d’Albert Speer, sous le titre ''Journal de Spandau'', Robert Laffont, 1975 (nouvelle édition préfacée par François Kersaudy<ref>https://www.deutsche-biographie.de/1017836264.html</ref>, « Pluriel », 2018). | |||
Les traductions de Schnitzler par Suzanne Clauser sont largement orientées sur la langue cible, ce qui a sans doute contribué à ce que Schnitzler soit défini dans la presse française comme un « Maupassant autrichien » (ou viennois). C’est la raison pour laquelle la critique universitaire a éreinté les traductions de Clauser<ref>par ex. Dangel 1984</ref>, tandis que Schnitzler, qui maîtrisait bien le français, les trouvait parfaites, comme en témoignent un certain nombre de lettres non seulement à Suzanne Clauser elle-même, mais aussi à Louis Gillet, qui avait préfacé la traduction de sa ''Thérèse'' réalisée par Clauser. Clauser ayant stipulé dans son testament que les pleins pouvoirs relatifs aux questions françaises soient après sa mort transférés au fils de Schnitzler, plusieurs nouvelles traductions de certaines de ses œuvres ont été publiées après 1981, si bien que des comparaisons sont désormais possibles. Ces nouvelles traductions sont présentes dans l’édition en deux volumes des textes narratifs, sous la responsabilité de Brigitte Vergne-Cain et Gérard Rudent (A. S., ''Romans et Nouvelles'' I et II, Le livre de poche – « La Pochothèque », 1994 et 1996) qui propose également – en partie révisées – des traductions de Clauser-Auclères. | |||
==Références et liens externes== | |||
<references /> | |||
==Bibliographie de la version allemande== | |||
*Dangel, Elsbeth : Das Elend der Übersetzug. Bemerkungen zu Dominique Auclères Schnitzlerübersetzugen. In : Modern Austrian Literature 17 (1984), vol. 1, p. 79–57. | |||
*Hetzel, Florence : Schnitzler in Frankreich. Übersetzungen und Aufführungen des Reigen. In: Gregor Kokorz (dir.): Übergänge und Verflechtungen: kulturelle Transfers in Europa. Wien [u.a.]: P. Lang 2004, p. 203–224. | |||
*Wagner, Renate : « Unsere geschäftlich-literarischen Beziehungen ». Arthur Schnitzler und Suzanne Clauser. In : Neue Zürcher Zeitung (17 mars 1989), p. 41–42. | |||
*Zieger, Karl : Arthur Schnitzler et la France 1894-1938. Enquête sur une réception. Villeneuve d’Ascq : Presses universitaires du Septentrion 2012. | |||
==Auteur== | |||
Karl Zieger | |||
Traduit de l’allemand par Hélène Belletto-Sussel | |||
Mise en ligne : 22(10/2025 | |||
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Dernière version du 22 octobre 2025 à 14:00
Issue d’une famille franco-autrichienne, c’est sous le pseudonyme de Dominique Auclères que Suzanne Clauser s’est fait connaître en France comme traductrice et comme journaliste. Son rôle de passeur littéraire est étroitement lié à l’œuvre d’Arthur Schnitzler, dont elle a influencé de façon décisive la réception en France dès la fin des années 20. Outre son influence sur la réception de Schnitzler en France, Dominique Auclères est surtout connue grâce à son activité de « grand reporter » pour les quotidiens Le Journal (1934-1939) et Le Figaro (1945-1975) où elle s’impose comme spécialiste de l’Europe centrale et des Balkans. Ses expériences de « grand reporter » et de journaliste spécialiste de politique (étrangère) lui ont inspiré deux ouvrages : Mes quatre vérités, Vent du large, 1948, et Mes fenêtres sur l’Histoire, Plon, 1978. Parmi ses autres publications, on peut citer : Anastasia, qui êtes-vous ?, Hachette, 1962, une « docufiction » consacrée à Anastasia, l’une des filles du tsar Nicolas II, deux livres sur la dynastie des Habsbourg : Les Enfants de Toscane, Presses de la Cité, 1969 (il s’agit vraisemblablement des enfants du grand-duc de Toscane, Ferdinand IV de Habsbourg-Toscane, 1835-1908), et Soleil d’exil : le bannissement des Habsbourg, Presses de la Cité, 1974.
La rencontre avec Schnitzler, la voie vers la traduction
Suzanne Clauser n’appartient pas au milieu professionnel de la traduction. Son père, le banquier Wilhelm Adler, étant franco-autrichien, elle grandit dans le bilinguisme, et lorsqu’en novembre 1928 elle présente à Schnitzler sa traduction française de la nouvelle Fleurs, elle est déjà mariée avec Friedrich Clauser, employé de banque, et mère de deux enfants. C’est le début d’une étroite collaboration et vraisemblablement aussi d’une relation intime qui marque les trois dernières années de la vie de l’écrivain. (Suzanne Clauser est considérée comme le « dernier amour » de Schnitzler).
Manifestement convaincu par le talent linguistique de Suzanne Clauser, et dans l’espoir qu’elle puisse faire jouer les relations professionnelles de son beau-frère à Paris pour redonner de l’élan à la publication de ses œuvres en France, alors au point mort, Schnitzler met un terme à sa collaboration avec d’autres traducteurs (Alzir Hella, Maurice Rémon) et lui transfère les droits pour toutes les nouvelles traductions en français, avant, pour finir, de la désigner dans un codicille à son testament daté de mars 1931, comme unique ayant-droit de toutes les publications en langue française.
S’agissant de la diffusion de l’œuvre de Schnitzler en France, l’activité de Suzanne Clauser s’applique à trois domaines : d’abord les traductions, ensuite les relations avec les rédacteurs de journaux et revues ainsi qu’avec les éditeurs, enfin la rédaction de préfaces et d’articles qui accompagnent la publication de son œuvre et en influencent la réception.
Et de fait, grâce à l’activité de Suzanne Clauser, les textes de Schnitzler gagnent en visibilité. C’est ainsi qu’en 1929, l’hebdomadaire Gringoire[1], d’orientation nationaliste et dont les pages littéraires sont dirigées par le célèbre romancier Joseph Kessel[2], publie une série de récits et nouvelles, repris la même année par les éditions Stock dans un recueil de nouvelles intitulé La Pénombre des âmes et préfacé par le germaniste Félix Bertaux[3]. Entre 1929 et la mort de Schnitzler en 1931, Gringoire publie dix textes de l’écrivain autrichien, puis encore six autres jusqu’en 1939. Sur l’incitation de Suzanne Clauser, les revues Candide, Revue hebdomadaire, Revue de France et Revue d’Allemagne publient elles aussi des œuvres de Schnitzler. À quoi s’ajoutent d’une part chez Stock trois recueils de nouvelles[4] : La Pénombre des âmes (1929), L’Appel des ténèbres (1932, préface de Paul Géraldy), et Mademoiselle Else (1932, comportant la nouvelle qui donne son titre au recueil dans la traduction de Clara Katharina Pollaczek[5], ainsi que plusieurs nouvelles du recueil La Pénombre des âmes, traduites par Suzanne Clauser), d’autre part, en 1931 chez Albin Michel, le roman Thérèse. Chronique d’une vie de femme, préfacé par Louis Gillet[6].
En ce qui concerne le théâtre, Suzanne Clauser reprend la traduction de la Ronde publiée chez Stock en 1912 par Maurice Rémon[7] et Wilhelm Bauer, et la retravaille pour la mise en scène de Georges Pitoëff en 1932 – les pleins pouvoirs « relatifs aux questions françaises » lui permettent de contourner les dispositions de Schnitzler qui interdisaient les représentations de la Ronde. Avec André Mauprey[8], directeur du Théâtre de l’Odéon, elle met au point une traduction de Das weite Land qui existait sous forme de tapuscrit : mais en dépit d’un précontrat signé au printemps 1931 (donc du vivant de Schnitzler), la mise en scène prévue pour la saison 1931/32 ne voit jamais le jour.
La réédition, le 15 août 1930, dans la Revue d’Allemagne de la pièce en un acte Les derniers masques, qui fait partie du cycle Heures vives (1901-1902, Lebendige Stunden), déjà publiée en novembre 1912 dans la Revue bleue, dans la traduction de Maurice Rémon révisée par Suzanne Clauser, est l’occasion d’un premier article substantiel que Clauser consacre à l’œuvre de Schnitzler, dans le même numéro de la Revue d’Allemagne. Cet essai qui, très naturellement, place au premier plan l’œuvre dramatique de Schnitzler, ne néglige pas pour autant les textes narratifs et s’efforce de rendre justice aux différentes facettes de l’œuvre. Suzanne Clauser rédige aussi la nécrologie de Schnitzler dans la Revue d’Allemagne du 15 décembre 1931, et assure la réalisation du numéro hors-série de cette même revue consacré à la mémoire de l’écrivain (15 mai 1932) ; on peut y lire, traduites en français par Suzanne Clauser, des contributions de Franz Werfel, Stefan Zweig, Alfred Kerr[9], Felix Salten et Raoul Auernheimer, ainsi que des hommages de Marcel Dunan et Louis Gillet accompagnés d’extraits illustrant l’un ou l’autre de ces articles.
Après la mort de Schnitzler, en particulier après la Seconde Guerre mondiale, Suzanne Clauser – désormais sous le pseudonyme de Dominique Auclères – se consacre de plus en plus, et presque exclusivement, à sa carrière de journaliste. Après la publication, en 1953, des nouvelles Les Dernières cartes (Spiel im Morgengrauen, 1927) et Rien qu’un rêve (Traumnovelle, 1926) dans un volume intitulé Les Dernières cartes, c’est seulement dans les années 70 que Suzanne Clauser revient à l’œuvre de Schnitzler, reprenant un certain nombre de ses traductions à des fins de révision et de réédition. Au cours des années soixante, elle avait traduit Erich Maria Remarque : Le ciel n’a pas de préférés, Presses de la Cité, 1962 [Der Himmel kennt keine Günstlinge], La nuit de Lisbonne, Plon 1963 [Die Nacht von Lissabon], mais aussi le Comte Michael Soltikow, Sosnowski, l’espion de Berlin, Presses de la Cité, 1961, Richard Nikolaus Coudenhove-Kalergi, Europe, puissance mondiale, Stock, 1972 [Weltmacht Europa] et, en collaboration avec Michel Brottier, les Spandauer Tagebücher d’Albert Speer, sous le titre Journal de Spandau, Robert Laffont, 1975 (nouvelle édition préfacée par François Kersaudy[10], « Pluriel », 2018).
Les traductions de Schnitzler par Suzanne Clauser sont largement orientées sur la langue cible, ce qui a sans doute contribué à ce que Schnitzler soit défini dans la presse française comme un « Maupassant autrichien » (ou viennois). C’est la raison pour laquelle la critique universitaire a éreinté les traductions de Clauser[11], tandis que Schnitzler, qui maîtrisait bien le français, les trouvait parfaites, comme en témoignent un certain nombre de lettres non seulement à Suzanne Clauser elle-même, mais aussi à Louis Gillet, qui avait préfacé la traduction de sa Thérèse réalisée par Clauser. Clauser ayant stipulé dans son testament que les pleins pouvoirs relatifs aux questions françaises soient après sa mort transférés au fils de Schnitzler, plusieurs nouvelles traductions de certaines de ses œuvres ont été publiées après 1981, si bien que des comparaisons sont désormais possibles. Ces nouvelles traductions sont présentes dans l’édition en deux volumes des textes narratifs, sous la responsabilité de Brigitte Vergne-Cain et Gérard Rudent (A. S., Romans et Nouvelles I et II, Le livre de poche – « La Pochothèque », 1994 et 1996) qui propose également – en partie révisées – des traductions de Clauser-Auclères.
Références et liens externes
- ↑ https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32784069f/date&rk=21459;2
- ↑ https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/joseph-kessel
- ↑ https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb11891637s
- ↑ pour le détail des titres cf. Zieger, 2012, p. 154 sq.
- ↑ https://www.deutsche-biographie.de/pnd13950916X.html
- ↑ https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/louis-gillet
- ↑ https://data.bnf.fr/fr/11921460/maurice_remon/
- ↑ https://lesarchivesduspectacle.net/p/53448-Andre-Mauprey
- ↑ https://www.geschichtewiki.wien.gv.at/Alfred_Kerr
- ↑ https://www.deutsche-biographie.de/1017836264.html
- ↑ par ex. Dangel 1984
Bibliographie de la version allemande
- Dangel, Elsbeth : Das Elend der Übersetzug. Bemerkungen zu Dominique Auclères Schnitzlerübersetzugen. In : Modern Austrian Literature 17 (1984), vol. 1, p. 79–57.
- Hetzel, Florence : Schnitzler in Frankreich. Übersetzungen und Aufführungen des Reigen. In: Gregor Kokorz (dir.): Übergänge und Verflechtungen: kulturelle Transfers in Europa. Wien [u.a.]: P. Lang 2004, p. 203–224.
- Wagner, Renate : « Unsere geschäftlich-literarischen Beziehungen ». Arthur Schnitzler und Suzanne Clauser. In : Neue Zürcher Zeitung (17 mars 1989), p. 41–42.
- Zieger, Karl : Arthur Schnitzler et la France 1894-1938. Enquête sur une réception. Villeneuve d’Ascq : Presses universitaires du Septentrion 2012.
Auteur
Karl Zieger
Traduit de l’allemand par Hélène Belletto-Sussel
Mise en ligne : 22(10/2025
