Paul-Gilbert Langevin

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Paul-Gilbert Langevin est un musicologue français, spécialiste du compositeur autrichien Anton Bruckner.

Biographie

Paul-Gilbert Langevin est né le 5 juillet 1933 à Boulogne-Billancourt, près de Paris. Il est le fils du physicien français Paul Langevin[1] et de sa compagne, la physicienne Éliane Montel[2], qui était la secrétaire scientifique de ce dernier. Ils habitent un appartement rue Claude Bernard dans le 5ème arrondissement de Paris. Paul-Gilbert a deux demi-frères, Jean et André Langevin, et deux demi-sœurs, Hélène Solomon et Madeleine Varloteau, tous quatre issus du mariage de Paul Langevin avec Jeanne Desfosses. Dans les petites classes, Paul-Gilbert se lie d’amitié avec Luce Eekman, née le 28 juin 1933, qui est la fille du peintre néerlandais Nicolas Eekman et qui deviendra la marraine de ses enfants. Le 30 octobre 1940, son père est arrêté par les nazis après avoir été révoqué de ses fonctions au Collège de France. Il est incarcéré à la prison de la Santé puis placé en résidence surveillée à Troyes. Éliane et son fils lui rendent visite à Troyes, puis les parents décident d’envoyer leur fils se cacher dans le Massif central pendant l’Occupation, chez un instituteur et sa femme, monsieur et madame Picardet, car Éliane est juive. Paul-Gilbert y reste jusqu’à la Libération. Revenu ensuite à Paris, il perd son père à l’âge de 13 ans, le 19 décembre 1946. La dépouille du savant est transférée au Panthéon en 1948. Paul-Gilbert vit par la suite avec sa mère rue Claude Bernard et fréquente le Lycée Lakanal. C’est à l’âge de 18 ans qu’il découvre à la radio les symphonies du compositeur autrichien Anton Bruckner. Cette écoute le marque profondément et durablement. Après le lycée, Paul-Gilbert Langevin s’oriente vers une carrière scientifique comme ses parents. Il est élève de l’École de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris, école dont son père avait été le directeur de 1925 à sa mort. N’ayant pas obtenu le diplôme d’ingénieur de l’école, il poursuit sa formation scientifique à la Faculté des sciences de la Sorbonne, où il enseigne plusieurs années comme chargé de cours. En 1970, la Faculté des sciences est transférée à la Halle aux vins sur un nouveau campus, le campus de Jussieu, qui accueille l’Université Pierre-et-Marie-Curie, inaugurée en 1971. Paul-Gilbert Langevin soutient un diplôme d’études supérieures en chimie physique en 1972 sous la direction du physicien René Freymann et enseigne à Jussieu pendant quinze ans. Il est en contact notamment avec Herbert Überall[3] , un physicien américain d’origine autrichienne.

Langevin comprend assez tôt qu’il ne pourra pas s’épanouir aussi bien sur le plan scientifique que ses parents. Son domaine de prédilection est, depuis sa jeunesse, la musique classique, pour laquelle il s’investira pendant trente-cinq ans. Son père l’avait familiarisé avec cet art notamment par le biais d’un de ses collègues, le chimiste et compositeur Georges Urbain. Par la suite, Langevin se lie d’amitié avec les chefs d’orchestre Roberto Benzi[4] et Florian Hollard[5], petit-fils du physicien Auguste Hollard, qui deviendra le directeur de l’orchestre de Tours et reste un ami et un collègue de prédilection. Ses autres collègues et amis les plus proches sont Éric-Paul Stekel, le directeur du Conservatoire de Grenoble, ainsi que les musicologues Harry Halbreich[6] et [[Gustav Kars]. Dès sa jeunesse, il s’essaie à la composition musicale et dédicace notamment une de ses compositions à Charles Dutoit[7]. Mais c’est la musicologie qui constituera la majeure partie de son travail dans le domaine musical.

En 1957, ses connaissances sur la musique classique acquises en autodidacte le motivent à fonder une association, la « Société Française Anton-Bruckner[8] », qui devient la filiale française de la « Société Internationale Bruckner[9] », association qui est domiciliée rue Claude Bernard et qui reste active jusqu’en 1986 au décès de son fondateur. Il crée aussi une revue, L’Harmonie du Monde[10][11], dont le nom est inspiré d’un opéra du compositeur allemand Paul Hindemith[12]. Il collabore avec diverses personnes du monde musical et réalise des entretiens avec des chefs d’orchestre de réputation internationale. Il participe à des émissions musicales à la radio, comme Le Club des archives animé par Georges Zeisel[13] ou Les Nouvelles musicales. Il a par ailleurs l’occasion de faire des conférences, notamment à l’Institut autrichien à Paris, ainsi qu’à l’étranger, en particulier en Autriche. Il souhaite parfaire sa formation musicale et obtient la possibilité de soutenir une thèse de doctorat sur la vie et l’œuvre d’Anton Bruckner sous la direction de Daniel Charles au Centre universitaire de Vincennes en 1974. À la thèse de doctorat succède une thèse de doctorat d’État en 1980, et ces travaux serviront de base pour la publication de deux ouvrages sur Anton Bruckner, Le Siècle de Bruckner, paru dans la Revue musicale en 1975, et Anton Bruckner, apogée de la symphonie, paru en 1977 aux éditions L’Âge d’Homme, ouvrage de référence en français sur le compositeur autrichien.

Mais Langevin ne limite pas ses recherches à Bruckner. Il poursuit ses travaux musicologiques en s’intéressant notamment à Franz Schubert, auquel il consacre l’ouvrage Franz Schubert et la symphonie en 1982. Il consacre également de nombreux articles à des compositeurs alors peu connus en France, comme Hugo Wolf, Franz Schmidt ou Leoš Janáček[14]. Certains de ses travaux sur Schubert sont encore actuellement inédits. Il ouvre par ailleurs son champ de recherche aux compositeurs français en publiant « Musiciens de France » dans la Revue musicale en 1979 et aux compositeurs européens en publiant « Musiciens d’Europe » dans cette même revue en 1986. Dans ces deux ouvrages, il forge le concept d’ethnoromantisme pour caractériser la production musicale de la période romantique à travers l’Europe. Ses autres travaux incluent des articles de critique musicale dans des revues, la participation à des dictionnaires musicaux, des contributions à des séminaires sur la musique ainsi que la rédaction d’une pièce ayant pour thème la musique classique et intitulée Symphonie transfigurée. Cette pièce dédicacée à Roberto Benzi est restée inédite.

En 1971, il rencontre Anne-Marie Desbat, professeure de sciences physiques en collège et lycée, qu’il épouse en 1979 et qui lui donne deux enfants, Paul-Éric, né le 5 juin 1979, et Isabelle, née le 19 avril 1983. Ils s’installent Square de Port-Royal dans le 13ème arrondissement de Paris. Son épouse, qui est aussi sa collaboratrice, effectue les travaux de relecture de ses ouvrages durant les quinze années que dure leur relation. Atteint d’un cancer du rein, il décède prématurément la veille de ses 53 ans, le 4 juillet 1986. Il est inhumé au Cimetière du Montparnasse à Paris. Sa mère Éliane Montel, décédée en 1993, est inhumée dans la même tombe. Son épouse Anne-Marie Desbat, décédée en 2016, y est inhumée aussi.

Quelques années après son décès, le musicologue singapourien Tan Chan Boon, qui dirige actuellement les sociétés Gustav Mahler et Anton Bruckner de Singapour, commence un travail sur ses archives. En 2003, son fils Paul-Éric fait don de la majeure partie de la bibliothèque musicologique de Paul-Gilbert Langevin à la médiathèque de la Cité de la Musique de Paris, où se trouve un fonds à son nom. Ses ouvrages n’ont pas été réédités, mais sont disponibles en France dans certaines bibliothèques et médiathèques ou à la vente en ligne. Certains de ses articles et travaux sont disponibles à la lecture en ligne. Ses archives ont été conservées par son fils et devraient prochainement être transférées à la bibliothèque de musicologie de la Sorbonne.

Références et liens externes

Monographies et articles sur la musique autrichienne

  • « Le Rayonnement universel d’Anton Bruckner ». In : L’Harmonie du monde, no 3, 1958.
  • « Anton Bruckner, documents biographiques et analytiques ». In : L’Harmonie du monde, no 3-7, 1958-1961, URL : https://wikilivres.org/wiki/Anton_Bruckner,_documents_biographiques_et_analytiques.
  • Anton Bruckner (1824-1896), perspective esthétique et étude analytique en relation avec les éditions critiques. Thèse d’esthétique musicale, dirigée par Daniel Charles, Centre universitaire de Vincennes 1974.
  • Le Siècle de Bruckner : essais pour une nouvelle perspective sur les maîtres viennois du second âge d’or, Anton Bruckner, Hugo Wolf, Gustav Mahler, Arnold Schönberg, Franz Schmidt et ses contemporains, La Revue musicale, 1975.
  • « La tradition viennoise après Mahler ». In : Austriaca, no 5, 1977, p. 59-73. URL : https://www.persee.fr/doc/austr_0396-4590_1977_num_5_1_1842.
  • Anton Bruckner, apogée de la symphonie. Lausanne : L’Âge d’Homme 1977.
  • « Schubert après Schubert, un grand dossier historique et musical ». In : L’Éducation musicale, 1978, URL : https://interdisciplinarite.blogspot.com/2016/12/schubert-apres-schubert-un-grand.html?m=1.
  • « La vraie ‘Septième’ de Schubert et sa résurrection ». In : Schweizeriche Musikzeitung, no 118, 1978, p. 133-139 et 197-206, URL : https://wikilivres.org/wiki/La_vraie_Septième_de_Schubert_et_sa_r%C3%A9surrection.
  • « La recherche schubertienne depuis le cent-cinquantenaire ». In : Revue de musicologie, 1980, p. 217-224, URL : https://wikilivres.org/wiki/La_recherche_schubertienne_depuis_le_cent-cinquantenaire.
  • Anton Bruckner et l’ethnoromantisme autrichien 1824-1896. Thèse de doctorat d’État, dirigée par Daniel Charles, Centre universitaire de Vincennes 1980.
  • « Wie Bruckners Symphonien vor das Publikum treten sollten oder: Das Suchen nach der Idealfassung ». In: Franz Grasberger (éd.) : Bruckner-Symposion Linz 1980. Graz : Akademische Druck- u. Verl.-Anst. 1981, p. 39-52.
  • Franz Schubert et la symphonie, éléments d’une nouvelle perspective. In : La Revue musicale, no 355/357, 1982.
  • Articles « Anton Bruckner », p. 199-202, « Franz Schmidt », p. 1403-1404, « Franz Schreker », p. 1410-1411, « Franz Schubert », p. 1412-1419. In : Marc Vignal (dir.) : Dictionnaire de la musique. Paris : Larousse 1982.
  • « Les symphonies de Schubert, discographie critique ». In : Harmonie, 1984, URL : https://wikilivres.org/wiki/Les_Symphonies_de_Schubert,_discographie_critique.
  • Anton Bruckner, la troisième symphonie, 1984, URL : https://www.calameo.com/read/0060711923692d0844897.
  • Musiciens d’Europe, figures du renouveau ethnoromantique, essai en forme de prélude, variation et fugue. In : La Revue musicale, no 388/390 1986.
  • « Musique allemande et musique autrichienne, dualité ou antinomie ? ». In : L’Éducation musicale, no 327, 1er avril 1986, p. 21-22.

Auteur

Paul-Éric Langevin

Mise en ligne : 14/11/2024