« Jean Welz » : différence entre les versions
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Johan Friedrich (dit Hans) Welz est né à Salzbourg dans une famille d’artisans horlogers renommée. Son oncle Maximilian (dit Max) Welz, qui travaillait pour les Wiener Werkstätte à Vienne, invite son neveu à le rejoindre pour suivre des études d’architecture et travailler à ses côtés. Hans Welz s’inscrit à la ''Kunstgewerbeschule'' entre 1918 et 1921, et y étudie l’architecture auprès de ses compatriotes [[Oswald Haerdtl]] et [[Margarete Schütte-Lihotzky]] ainsi qu’aux côtés du Français [[Gabriel Guévrékian]]. À la sortie de l’école, Welz travaille pour l’architecte Josef Hoffmann entre 1921 et 1925. Pour autant, Welz a été durablement marqué par les enseignements d’Oskar Strnad<ref></ref> (1879-1935) et de Josef Frank<ref></ref> (1885-1967), deux architectes aux conceptions plus radicales que Josef Hoffmann et plus proches de celles d’Adolf Loos dont il a probablement suivi quelques conférences à Vienne. | Johan Friedrich (dit Hans) Welz est né à Salzbourg dans une famille d’artisans horlogers renommée. Son oncle Maximilian (dit Max) Welz, qui travaillait pour les Wiener Werkstätte à Vienne, invite son neveu à le rejoindre pour suivre des études d’architecture et travailler à ses côtés. Hans Welz s’inscrit à la ''Kunstgewerbeschule'' entre 1918 et 1921, et y étudie l’architecture auprès de ses compatriotes [[Oswald Haerdtl]] et [[Margarete Schütte-Lihotzky]] ainsi qu’aux côtés du Français [[Gabriel Guévrékian]]. À la sortie de l’école, Welz travaille pour l’architecte Josef Hoffmann entre 1921 et 1925. Pour autant, Welz a été durablement marqué par les enseignements d’Oskar Strnad<ref>https://www.werkbundsiedlung-wien.at/en/biographies/oskar-strnad</ref> (1879-1935) et de Josef Frank<ref>https://www.geschichtewiki.wien.gv.at/Josef_Frank</ref> (1885-1967), deux architectes aux conceptions plus radicales que Josef Hoffmann et plus proches de celles d’Adolf Loos dont il a probablement suivi quelques conférences à Vienne. | ||
Welz quitte l’Autriche pour Paris en 1925 où il restera jusqu’en 1936-1937, date à laquelle il émigre en Afrique du Sud. Dans la capitale française, Welz adopte le prénom de Jean et poursuit une carrière d’architecte entouré par des collègues français qui trouvent en lui un passeur des idées développées à Vienne. Arrivé en Afrique du Sud, Welz travaille surtout en tant que peintre, il meurt en 1975. | Welz quitte l’Autriche pour Paris en 1925 où il restera jusqu’en 1936-1937, date à laquelle il émigre en Afrique du Sud. Dans la capitale française, Welz adopte le prénom de Jean et poursuit une carrière d’architecte entouré par des collègues français qui trouvent en lui un passeur des idées développées à Vienne. Arrivé en Afrique du Sud, Welz travaille surtout en tant que peintre, il meurt en 1975. |
Version du 11 octobre 2024 à 12:27
La trajectoire de Jean Welz illustre l’attraction qu’exerçait la France et tout particulièrement Paris pour un jeune architecte autrichien désireux de se lancer dans une carrière artistique internationale. Si Welz parvient à s’implanter durablement en France entre 1925 et 1937, il peine néanmoins à être reconnu pour ses réalisations en son nom propre et choisit d’émigrer à nouveau à la veille de la Seconde Guerre mondiale sur le continent africain.
Biographie
Johan Friedrich (dit Hans) Welz est né à Salzbourg dans une famille d’artisans horlogers renommée. Son oncle Maximilian (dit Max) Welz, qui travaillait pour les Wiener Werkstätte à Vienne, invite son neveu à le rejoindre pour suivre des études d’architecture et travailler à ses côtés. Hans Welz s’inscrit à la Kunstgewerbeschule entre 1918 et 1921, et y étudie l’architecture auprès de ses compatriotes Oswald Haerdtl et Margarete Schütte-Lihotzky ainsi qu’aux côtés du Français Gabriel Guévrékian. À la sortie de l’école, Welz travaille pour l’architecte Josef Hoffmann entre 1921 et 1925. Pour autant, Welz a été durablement marqué par les enseignements d’Oskar Strnad[1] (1879-1935) et de Josef Frank[2] (1885-1967), deux architectes aux conceptions plus radicales que Josef Hoffmann et plus proches de celles d’Adolf Loos dont il a probablement suivi quelques conférences à Vienne.
Welz quitte l’Autriche pour Paris en 1925 où il restera jusqu’en 1936-1937, date à laquelle il émigre en Afrique du Sud. Dans la capitale française, Welz adopte le prénom de Jean et poursuit une carrière d’architecte entouré par des collègues français qui trouvent en lui un passeur des idées développées à Vienne. Arrivé en Afrique du Sud, Welz travaille surtout en tant que peintre, il meurt en 1975.
A priori Welz n’a pas d’attache particulière en France ni à Paris mais la tenue de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes entre le 28 avril et le 30 novembre 1925 l’a sans aucun doute motivé à tenter l’aventure dans une ville qui accueille alors de nombreux artistes. Dès son installation en France, Welz devient le collaborateur de Raymond Fischer[3] par l’entremise d’un de leurs anciens maîtres communs à Vienne, Adolf Loos. Welz et Fischer construisent ensemble plusieurs hôtels particuliers et villas à Paris et en banlieue, ainsi que des immeubles d’habitations comme à Montauban après les inondations du Tarn en 1931. Parmi les villas privées, la maison de Marcel Dury (1925-1928), la villa de la modiste Suzanne Dubin (1927-1929) et l’hôtel Godfray (1928-1929) à Boulogne-Billancourt sont particulièrement remarquables. Welz réalise ainsi une trentaine de projets à Paris entre 1928 et 1936.
Si l’architecte français Raymond Fischer a été particulièrement marqué par les cours dispensés par Adolf Loos, sa collaboration avec Jean Welz lui permet de mettre en pratique l’un de ses principaux enseignements, à savoir le Raumplan. Développée par Loos dès le milieu des années 1910 à Vienne, cette conception architecturale que Fischer nomme « tracé dans l’air » ou « chemin aérien » consiste en une sorte de déambulation dans l’espace : depuis l’extérieur du bâtiment de forme cubique et avec une façade simple vers un intérieur à la distribution complexe, jouant des niveaux et des ambiances. Fischer souligne dans ses mémoires combien il appréciait la maîtrise du « tracé dans l’air » de Welz qui en avait acquis les caractéristiques lors des présentations faites par Loos dans la capitale autrichienne, avec notamment des cours sur site.
À Paris, Welz et Loos se retrouvent d’ailleurs probablement assez régulièrement puisque Loos note son nom à plusieurs reprises dans son agenda de 1926. Si Loos s’installe à peu près au même moment que Welz à Paris et qu’il est plus expérimenté et célèbre, il paraît bien moins intégré. Loos doit faire appel à Welz et à d’autres anciens élèves installés à Paris pour terminer la construction de la maison de Tristan Tzara et de son épouse Greta Knutson sur la butte Montmartre en 1927-1928. C’est sans aucun doute l’occasion pour Welz de retrouver d’anciens camarades côtoyés à Vienne tels que Gabriel Guévrékian, Otto Bauer ainsi que le croate Zlatko Neumann[4].
Jean Welz travaille également en indépendant, hors de l’agence de Raymond Fischer, lequel ne le crédite d’ailleurs pas toujours sur ses réalisations. Ainsi, en 1931, Welz construit la maison Landau à Épinay-sur-Seine ; en 1932, il réalise la villa Darmstadter à Saint-Cloud et en 1933, la maison de la famille du comptable d’origine grecque Athanase Zilveli située rue Georges Lardennois, sur la butte Bergeyre près des Buttes-Chaumont. Le site de la maison Zilveli est tout à fait remarquable et Welz emploie pleinement le dénivelé pour proposer une double vue sur Paris : d’un côté la basilique du Sacré-Cœur et de l’autre la tour Eiffel. L’édifice mesure 20 mètres de long sur 4,5 mètres de large et repose sur des piliers cruciformes en béton armé de 5 mètres au-dessus du sol. La construction est une véritable synthèse des théories de Le Corbusier (on y retrouve les pilotis, les fenêtres en longueur, la façade libre et le toit terrasse des cinq points de l’architecture) et du Raumplan de Loos. Elle incarne ainsi d’une certaine manière l’assimilation de l’architecte viennois à Paris.
Parallèlement à sa pratique d’architecte, Welz participe également à quelques projets éditoriaux : ainsi il publie un texte intitulé « Pour vivre heureux il nous faut un décor harmonieux » dans le journal La Liberté en 1929. La signature peut surprendre : elle porte « architecte à Vienne » alors que Welz est installé à Paris depuis déjà quatre ans, faisant sans doute des allers-retours à l’occasion de commandes à l’image des autres architectes viennois émigrés à Paris. Dans ce texte, Welz reprend plusieurs formules proches de celles de Loos et fait également l’éloge du projet exposé par Le Corbusier au Salon d’automne de la même année. Profitant de sa collaboration avec Raymond Fischer, qui est membre du comité de rédaction de la revue L’Architecture d’Aujourd’hui, Welz y traduit en 1931 un article de Loos présentant un projet hôtelier dans le sud de la France intitulé « Projet pour le sauvetage d’une pinède » qu’il accompagne d’un plan. Enfin, deux planches et quelques photographies de la « maison minimum » construite par Welz en 1931 à Épinay, sont publiées et introduites par un texte de Fischer lui-même.
À l’automne 1936, Welz quitte Paris pour l’Afrique du Sud. Entre 1937 et 1938, il continue dans un premier temps à travailler comme architecte en participant notamment à la construction d’un des bâtiments de l’université de Witwatersrand puis il se consacre essentiellement à la peinture jusqu’à la fin de sa vie. Welz participe ainsi à plusieurs expositions nationales et internationales (quatre de ses œuvres sont exposées à la Biennale de Venise entre 1949 et 1951) et il meurt en 1975 au Cap.
Références et liens externes
Bibliographie
Archives nationales
- Dossier de la sûreté nationale d’Athanase Zilveli (1939) : 19940488/57, dossier 4912.
- Dossier de naturalisation d’Athanase Zilveli (1948-1949) : 1978031/220, dossier 22593 x 48
Littérature primaire
- Loos, Adolf : « Projet pour le sauvetage d’une pinède ». In : L’Architecture d’Aujourd’hui, octobre 1931, p. 67.
- Welz, Jean : « Pour vivre heureux il nous faut un décor harmonieux ». In : La Liberté, 4 décembre 1929, p. 4.
- Welz, Jean : « Maison minimum ». In : L’Architecture d’Aujourd’hui, 4 décembre 1929, p. 4.
Littérature secondaire
- Kristan, Markus : « Die Rahmen- und Leistenfabrik Max Welz. Historismus – Wiener Werkstätte – Nachkriegszeit ». In : Österreichische Zeitschrift für Kunst und Denkmalpflege LXXVII, 2023, Heft 1, p. 57-71.
- Wyeth, Peter : The lost architecture of Jean Welz. Los Angeles : Doppelhouse 2021.
Zeller, Pascal : « Le “Chemin Aérien” », Projet de fin d’études. École d’architecture de Lyon, 1992.
Auteur
Cécile Poulot
Mise en ligne : 11/10/2024