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Hans Hollein (*30 mars 1934 à Vienne, † 24 avril 2014 à Vienne) est un architecte, plasticien, commissaire d’exposition, théoricien, décorateur, designer et enseignant. Représentant du postmodernisme, Hollein est l’un des architectes autrichiens les plus reconnus à l’international, lauréat de plusieurs prix prestigieux, dont le Prix Pritzker en 1985. En France, il est notamment à l’origine du parc Vulcania en Auvergne. Il est exposé dans plusieurs grands musées français et a fait l’objet d’une grande rétrospective en 1987 au Centre Pompidou. | Hans Hollein (*30 mars 1934 à Vienne, † 24 avril 2014 à Vienne) est un architecte, plasticien, commissaire d’exposition, théoricien, décorateur, designer et enseignant. Représentant du postmodernisme, Hollein est l’un des architectes autrichiens les plus reconnus à l’international, lauréat de plusieurs prix prestigieux, dont le Prix Pritzker en 1985. En France, il est notamment à l’origine du parc Vulcania en Auvergne. Il est exposé dans plusieurs grands musées français et a fait l’objet d’une grande rétrospective en 1987 au Centre Pompidou. | ||
==Biographie== | ==Biographie== | ||
Hans Hollein est né à Vienne en 1934 au sein d’une famille d’ingénieurs miniers. Enfant, il suit les cours d’art pour la jeunesse de Franz Čižek<ref>https://www.geschichtewiki.wien.gv.at/Franz_%C4%8Ci%C5%BEek</ref>. Il entame sa formation d’ingénieur en 1953 à l’École technique, la Bundesgewerbeschule de Vienne, puis poursuit son cursus au sein de l’Académie des Beaux-Arts de Vienne, où il suit l’enseignement de Clemens Holzmeister<ref>http://www.architektenlexikon.at/de/241.htm</ref>. Alors encore étudiant à Vienne, il séjourne et travaille à Stockholm à cette même période. Diplômé en 1956 de l’Académie des Beaux-Arts, il part, grâce à l’obtention d’une bourse du Commonwealth Fund en 1958, pour les États-Unis. De 1958 à 1959, Hollein suit des cours d’architecture et d’urbanisme à l’Illinois Institute of Technology (ITT) de Chicago, puis continue sa formation américaine au College of Environmental Design de l’University of California, Berkeley, où il obtient en 1960 son master en architecture. Son séjour aux États-Unis lui donne l’opportunité de se former aux côtés de Ludwig Mies van der Rohe, Frank Lloyd Wright et Richard Neutra. En 1964, il ouvre son propre cabinet d’architecture à Vienne. Son premier projet, le Retti Candle Shop en 1965, le propulse sur le devant de la scène architecturale. Il enchaîne les grandes réalisations, parmi lesquelles des boutiques (Schullin, 1972-1974 et l’immeuble Haas en 1990 à Vienne) ; des bâtiments publics (bureau de presse de l’ambassade américaine à Moscou 1974, l’ambassade autrichienne à Berlin, 1996-2001 ; des musées (Museum Abteiberg à Mönchengladbach 1972-1982, Museum für Moderne Kunst à Francfort-sur-le-Main, 1981, Landesmuseum Niederösterreich 1992-2002) ; des écoles (Volksschule Köhlergasse 1979-1990 et celle de la Donaucity 1994-1999) et des gratte-ciels (à Vienne la Generali Media Tower 1994-2000 et la Saturn Tower 2003-2004, à Lima au Pérou, la Torre Interbank, 1996-2001). | |||
Hans Hollein est né à Vienne en 1934 au sein d’une famille d’ingénieurs miniers. Enfant, il suit les cours d’art pour la jeunesse de | |||
En parallèle de son activité artistique et architecturale, Hans Hollein est également professeur : d’abord aux États-Unis, où il est reçu comme professeur invité à la Washington University, School of Architecture ; à Saint Louis, Missouri de 1963 à 1964, puis à nouveau en 1966. De 1967 à 1976, il enseigne à la Staatliche Kunstakademie de Düsseldorf et obtient en 1976 la chaire de design industriel et la direction de l’Institut für Design de l’Université des Arts Appliqués de Vienne, puis, de 1979 à 2002, il occupe l’une des trois chaires d’architecture de la même université, dont il dirige le département d’architecture entre 1995 et 1999. Durant sa carrière d’enseignant, il voyage régulièrement comme professeur invité aux États-Unis (Yale University, University of California (UCLA) et Ohio State University). | En parallèle de son activité artistique et architecturale, Hans Hollein est également professeur : d’abord aux États-Unis, où il est reçu comme professeur invité à la Washington University, School of Architecture ; à Saint Louis, Missouri de 1963 à 1964, puis à nouveau en 1966. De 1967 à 1976, il enseigne à la Staatliche Kunstakademie de Düsseldorf et obtient en 1976 la chaire de design industriel et la direction de l’Institut für Design de l’Université des Arts Appliqués de Vienne, puis, de 1979 à 2002, il occupe l’une des trois chaires d’architecture de la même université, dont il dirige le département d’architecture entre 1995 et 1999. Durant sa carrière d’enseignant, il voyage régulièrement comme professeur invité aux États-Unis (Yale University, University of California (UCLA) et Ohio State University). | ||
[[File:Hollein Pompidou.jpg|left|thumb|Affiche de l'exposition "Métaphores et métamorphoses" du Centre Pompidou, 1987]] | |||
Hollein mène aussi une activité théorique importante à cette période : il publie ses textes dans plusieurs journaux comme ''Bau''<ref>https://www.hollein.com/ger/Schriften/Zeitschrift-Bau</ref>, dont il est rédacteur de 1964 à 1970. Il travaille comme correspondant étranger pour de nombreuses revues spécialisées autrichiennes et internationales. Ses écrits connaissent un retentissement international, tout particulièrement son texte publié en 1968 « ''Alles ist Architektur'' ». Hollein connaît également tout au long de sa carrière une activité en tant que scénographe d’exposition, pour ses propres œuvres et pour d’autres artistes. Sa première exposition « Architektur », montée en collaboration avec Walter Pichler, est accueillie en 1963 à la [[Galerie Nächst St. Stephan]] de Mgr Otto Mauer. Il expose à nouveau ses œuvres selon sa propre scénographie aux États-Unis (New York en 1967 et 1968, Chicago en 1969, Mönchengladbach en 1970, Venise en 1972). En 1975, Hollein s’occupe de la scénographie de la présentation Wittmann lors du Salon du Meuble de Paris. Quelques années plus tard, ce sont ses propres travaux qu’il expose dans l’un des plus grands musées d’art contemporain parisien. | |||
Du 18 mars au 8 juin 1987, le Centre Pompidou à Paris consacre à Hans Hollein une exposition intitulée « Métaphores et métamorphoses<ref>https://www.centrepompidou.fr/fr/programme/agenda/evenement/cbqoydy</ref>», Hollein prend une fois de plus lui-même en charge la scénographie de l’exposition. Cette rétrospective réunit à l’époque la plus grande collection d’œuvres, mais aussi de documents sur son travail. Parmi les prêteurs figurent des institutions publiques autrichiennes, ouest-allemandes, américaines et françaises (ministères, musées), ainsi que des galeries d’art et des collectionneurs privés. Hollein est présent lors de l’inauguration, ainsi que pour une conférence-débat le jeudi 19 mars. Cette exposition est ensuite accueillie au Museum des 20. Jahrhunderts de Vienne (1987), puis à la Nationalgalerie de Berlin (1988). | |||
Du 18 mars au 8 juin 1987, le Centre Pompidou à Paris consacre à Hans Hollein une exposition intitulée « Métaphores et métamorphoses », Hollein prend une fois de plus lui-même en charge la scénographie de l’exposition. Cette rétrospective réunit à l’époque la plus grande collection d’œuvres, mais aussi de documents sur son travail. Parmi les prêteurs figurent des institutions publiques autrichiennes, ouest-allemandes, américaines et françaises (ministères, musées), ainsi que des galeries d’art et des collectionneurs privés. Hollein est présent lors de l’inauguration, ainsi que pour une conférence-débat le jeudi 19 mars. Cette exposition est ensuite accueillie au Museum des 20. Jahrhunderts de Vienne (1987), puis à la Nationalgalerie de Berlin (1988) | |||
Après la rétrospective de 1987, d’autres œuvres de Hollein ont été présentées en 1993, 1994, 2001, 2010 au Centre Pompidou de Paris. Du 30 janvier au 30 avril 2021, ses sculptures gonflables ont été exposées, mais cette fois au Centre Pompidou-Metz. Ses œuvres font par ailleurs partie des collections permanentes de plusieurs musées français, dont le Centre Pompidou Paris, le Musée d’art contemporain de Lyon, le FRAC Aquitaine à Bordeaux et le FRAC Centre à Orléans. Son travail d’architecte est également reconnu par les institutions françaises : il est lauréat du prix d’architecture Rhénan délivré par l’Association pour le développement de la culture et de la création architecturales de l’Ordre des Architectes d’Alsace en 1989 et l’Académie d’architecture de Paris le nomme membre en 1995. | |||
S’il a vu son travail reconnu en France, Hans Hollein n’a conçu qu’un seul édifice sur le territoire français. Il a pourtant répondu à des sollicitations et à des appels à projets en France, sans qu’aucun ne soit mis en chantier. Sont restées à l’état d’esquisse la cité administrative pour Eurodisney à Marne-la-Vallée (1991-1992) et la Coupole – Paris La Défense (1996-1997). Son unique témoignage architectural en France se trouve dans le Puy-de-Dôme : il s’agit du parc géologique Vulcania. En 1994, Hollein remporte le concours d’architecture pour le Centre européen de volcanologie, dit « Vulcania », porté, entre autres, par l’ancien président de la République française et alors président du Conseil régional d’Auvergne, Valéry Giscard d’Estaing. Parmi les 86 propositions soumises – dont 22 émanaient de cabinets étrangers –, cinq projets sont retenus pour un complément d’étude. Entre les deux finalistes, Jean-Michel Wilmotte et Hans Hollein, c’est Wilmotte qui remporte le vote – sept voix contre cinq – du comité du concours ; or la commission permanente du Conseil régional, dont fait partie Valéry Giscard d’Estaing, a le dernier mot et préfère le projet de Hollein. | S’il a vu son travail reconnu en France, Hans Hollein n’a conçu qu’un seul édifice sur le territoire français. Il a pourtant répondu à des sollicitations et à des appels à projets en France, sans qu’aucun ne soit mis en chantier. Sont restées à l’état d’esquisse la cité administrative pour Eurodisney à Marne-la-Vallée (1991-1992) et la Coupole – Paris La Défense (1996-1997). Son unique témoignage architectural en France se trouve dans le Puy-de-Dôme : il s’agit du parc géologique Vulcania. En 1994, Hollein remporte le concours d’architecture pour le Centre européen de volcanologie, dit « Vulcania », porté, entre autres, par l’ancien président de la République française et alors président du Conseil régional d’Auvergne, Valéry Giscard d’Estaing. Parmi les 86 propositions soumises – dont 22 émanaient de cabinets étrangers –, cinq projets sont retenus pour un complément d’étude. Entre les deux finalistes, Jean-Michel Wilmotte et Hans Hollein, c’est Wilmotte qui remporte le vote – sept voix contre cinq – du comité du concours ; or la commission permanente du Conseil régional, dont fait partie Valéry Giscard d’Estaing, a le dernier mot et préfère le projet de Hollein. | ||
[[File:Vulcania.jpg||thumb|Vue de l'intérieur de Vulcania]]À l’occasion du chantier, Hollein s’associe avec le cabinet « Atelier 4 » à Clermont-Ferrand. Il conçoit le centre Vulcania comme un espace de médiation autant symbolique que physique : les trois quarts du bâtiment sont enterrés dans le sol, menant symboliquement les visiteurs au plus proche du cœur des volcans, tout en permettant de conserver une vue dégagée sur le paysage. Hollein reconnaît parmi ses influences les illustrations de Gustave Doré du roman de Jules Verne Voyage au centre de la terre (Hollein 2012, 312), mais aussi les travaux de l’architecte révolutionnaire Étienne-Louis Boullée et de l’architecte-philosophe Paul Virilio<ref>Hollein 2001</ref>. Hollein voulait « un projet spécial […] qui rappellerait la spécificité du lieu […] avec ce cône revêtu de doré, flamboyant comme une éruption […] ce cratère qui descend vers la source du magma<ref>Hollein, cité par Leclanché, 2012, 5</ref>» Hollein collabore avec le paysagiste Gilles Clément à un aménagement total de l’espace, pour insérer le bâti au paysage naturel auvergnat. | |||
Vulcania est inauguré le 20 février 2002 : si des critiques sur le projet du parc sont notamment dirigées contre Valéry Giscard d’Estaing, l’architecture de Hollein est en revanche unanimement saluée par la presse nationale, régionale et spécialisée. Le 4 juin 2003, Hollein reçoit le grade d’Officier de l’Ordre national de la Légion d’honneur par le président de la République Jacques Chirac. Hollein continue sa carrière à Vienne et à l’international, jusqu’à son décès, le 24 avril 2014, à l’âge de 80 ans. En 2025, le Centre Pompidou accueille l'exposition transFORMS, une grande rétrospective de l'œuvre de Hans Hollein, permettant à une nouvelle génération de découvrir l'œuvre de l'architecte autrichien. | |||
==Références et liens externes== | |||
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==Bibliographie== | ==Bibliographie== | ||
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* Eiblmayr, Judith : « Zum Mittelpunkt der Erde », In Die Presse, supplément « Spectrum », 3 novembre 2001. | * Eiblmayr, Judith : « Zum Mittelpunkt der Erde », In Die Presse, supplément « Spectrum », 3 novembre 2001. | ||
* Leclanché, Sophie : « Les dix ans d’une intégration réussie ». In La Montagne, 6 juillet 2012, p. 5. | * Leclanché, Sophie : « Les dix ans d’une intégration réussie ». In La Montagne, 6 juillet 2012, p. 5. | ||
*Scherer, Solène : « Entretien avec Theresa Krenn et Benni Eder, du Studio Eder Krenn, Vienne, architectes et concepteurs de l’exposition Hollein Calling. Architectural Dialogues ». In Les Cahiers de la recherche architecturale urbaine et paysagère, N<sup>o</sup>21, 2024. URL : http://journals.openedition.org/craup/15312 | |||
* Von Bamford, Lawrence : The Architecture of Hans Hollein: Buildings and Projects, 1954-1994. 3 vol., Ann Arbor : University of Michigan 1994. | * Von Bamford, Lawrence : The Architecture of Hans Hollein: Buildings and Projects, 1954-1994. 3 vol., Ann Arbor : University of Michigan 1994. | ||
===Film documentaire=== | ===Film documentaire=== | ||
* « Hans Holleins Vulcania », réalisation Paulus Manker, 2002. | * « Hans Holleins Vulcania », réalisation Paulus Manker, 2002. | ||
==Auteur== | |||
Solène Scherer | |||
Mise en ligne : 26/02/2024 | |||
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Dernière version du 17 mars 2025 à 13:26

Hans Hollein (*30 mars 1934 à Vienne, † 24 avril 2014 à Vienne) est un architecte, plasticien, commissaire d’exposition, théoricien, décorateur, designer et enseignant. Représentant du postmodernisme, Hollein est l’un des architectes autrichiens les plus reconnus à l’international, lauréat de plusieurs prix prestigieux, dont le Prix Pritzker en 1985. En France, il est notamment à l’origine du parc Vulcania en Auvergne. Il est exposé dans plusieurs grands musées français et a fait l’objet d’une grande rétrospective en 1987 au Centre Pompidou.
Biographie
Hans Hollein est né à Vienne en 1934 au sein d’une famille d’ingénieurs miniers. Enfant, il suit les cours d’art pour la jeunesse de Franz Čižek[1]. Il entame sa formation d’ingénieur en 1953 à l’École technique, la Bundesgewerbeschule de Vienne, puis poursuit son cursus au sein de l’Académie des Beaux-Arts de Vienne, où il suit l’enseignement de Clemens Holzmeister[2]. Alors encore étudiant à Vienne, il séjourne et travaille à Stockholm à cette même période. Diplômé en 1956 de l’Académie des Beaux-Arts, il part, grâce à l’obtention d’une bourse du Commonwealth Fund en 1958, pour les États-Unis. De 1958 à 1959, Hollein suit des cours d’architecture et d’urbanisme à l’Illinois Institute of Technology (ITT) de Chicago, puis continue sa formation américaine au College of Environmental Design de l’University of California, Berkeley, où il obtient en 1960 son master en architecture. Son séjour aux États-Unis lui donne l’opportunité de se former aux côtés de Ludwig Mies van der Rohe, Frank Lloyd Wright et Richard Neutra. En 1964, il ouvre son propre cabinet d’architecture à Vienne. Son premier projet, le Retti Candle Shop en 1965, le propulse sur le devant de la scène architecturale. Il enchaîne les grandes réalisations, parmi lesquelles des boutiques (Schullin, 1972-1974 et l’immeuble Haas en 1990 à Vienne) ; des bâtiments publics (bureau de presse de l’ambassade américaine à Moscou 1974, l’ambassade autrichienne à Berlin, 1996-2001 ; des musées (Museum Abteiberg à Mönchengladbach 1972-1982, Museum für Moderne Kunst à Francfort-sur-le-Main, 1981, Landesmuseum Niederösterreich 1992-2002) ; des écoles (Volksschule Köhlergasse 1979-1990 et celle de la Donaucity 1994-1999) et des gratte-ciels (à Vienne la Generali Media Tower 1994-2000 et la Saturn Tower 2003-2004, à Lima au Pérou, la Torre Interbank, 1996-2001).
En parallèle de son activité artistique et architecturale, Hans Hollein est également professeur : d’abord aux États-Unis, où il est reçu comme professeur invité à la Washington University, School of Architecture ; à Saint Louis, Missouri de 1963 à 1964, puis à nouveau en 1966. De 1967 à 1976, il enseigne à la Staatliche Kunstakademie de Düsseldorf et obtient en 1976 la chaire de design industriel et la direction de l’Institut für Design de l’Université des Arts Appliqués de Vienne, puis, de 1979 à 2002, il occupe l’une des trois chaires d’architecture de la même université, dont il dirige le département d’architecture entre 1995 et 1999. Durant sa carrière d’enseignant, il voyage régulièrement comme professeur invité aux États-Unis (Yale University, University of California (UCLA) et Ohio State University).

Hollein mène aussi une activité théorique importante à cette période : il publie ses textes dans plusieurs journaux comme Bau[3], dont il est rédacteur de 1964 à 1970. Il travaille comme correspondant étranger pour de nombreuses revues spécialisées autrichiennes et internationales. Ses écrits connaissent un retentissement international, tout particulièrement son texte publié en 1968 « Alles ist Architektur ». Hollein connaît également tout au long de sa carrière une activité en tant que scénographe d’exposition, pour ses propres œuvres et pour d’autres artistes. Sa première exposition « Architektur », montée en collaboration avec Walter Pichler, est accueillie en 1963 à la Galerie Nächst St. Stephan de Mgr Otto Mauer. Il expose à nouveau ses œuvres selon sa propre scénographie aux États-Unis (New York en 1967 et 1968, Chicago en 1969, Mönchengladbach en 1970, Venise en 1972). En 1975, Hollein s’occupe de la scénographie de la présentation Wittmann lors du Salon du Meuble de Paris. Quelques années plus tard, ce sont ses propres travaux qu’il expose dans l’un des plus grands musées d’art contemporain parisien.
Du 18 mars au 8 juin 1987, le Centre Pompidou à Paris consacre à Hans Hollein une exposition intitulée « Métaphores et métamorphoses[4]», Hollein prend une fois de plus lui-même en charge la scénographie de l’exposition. Cette rétrospective réunit à l’époque la plus grande collection d’œuvres, mais aussi de documents sur son travail. Parmi les prêteurs figurent des institutions publiques autrichiennes, ouest-allemandes, américaines et françaises (ministères, musées), ainsi que des galeries d’art et des collectionneurs privés. Hollein est présent lors de l’inauguration, ainsi que pour une conférence-débat le jeudi 19 mars. Cette exposition est ensuite accueillie au Museum des 20. Jahrhunderts de Vienne (1987), puis à la Nationalgalerie de Berlin (1988).
Après la rétrospective de 1987, d’autres œuvres de Hollein ont été présentées en 1993, 1994, 2001, 2010 au Centre Pompidou de Paris. Du 30 janvier au 30 avril 2021, ses sculptures gonflables ont été exposées, mais cette fois au Centre Pompidou-Metz. Ses œuvres font par ailleurs partie des collections permanentes de plusieurs musées français, dont le Centre Pompidou Paris, le Musée d’art contemporain de Lyon, le FRAC Aquitaine à Bordeaux et le FRAC Centre à Orléans. Son travail d’architecte est également reconnu par les institutions françaises : il est lauréat du prix d’architecture Rhénan délivré par l’Association pour le développement de la culture et de la création architecturales de l’Ordre des Architectes d’Alsace en 1989 et l’Académie d’architecture de Paris le nomme membre en 1995.
S’il a vu son travail reconnu en France, Hans Hollein n’a conçu qu’un seul édifice sur le territoire français. Il a pourtant répondu à des sollicitations et à des appels à projets en France, sans qu’aucun ne soit mis en chantier. Sont restées à l’état d’esquisse la cité administrative pour Eurodisney à Marne-la-Vallée (1991-1992) et la Coupole – Paris La Défense (1996-1997). Son unique témoignage architectural en France se trouve dans le Puy-de-Dôme : il s’agit du parc géologique Vulcania. En 1994, Hollein remporte le concours d’architecture pour le Centre européen de volcanologie, dit « Vulcania », porté, entre autres, par l’ancien président de la République française et alors président du Conseil régional d’Auvergne, Valéry Giscard d’Estaing. Parmi les 86 propositions soumises – dont 22 émanaient de cabinets étrangers –, cinq projets sont retenus pour un complément d’étude. Entre les deux finalistes, Jean-Michel Wilmotte et Hans Hollein, c’est Wilmotte qui remporte le vote – sept voix contre cinq – du comité du concours ; or la commission permanente du Conseil régional, dont fait partie Valéry Giscard d’Estaing, a le dernier mot et préfère le projet de Hollein.

À l’occasion du chantier, Hollein s’associe avec le cabinet « Atelier 4 » à Clermont-Ferrand. Il conçoit le centre Vulcania comme un espace de médiation autant symbolique que physique : les trois quarts du bâtiment sont enterrés dans le sol, menant symboliquement les visiteurs au plus proche du cœur des volcans, tout en permettant de conserver une vue dégagée sur le paysage. Hollein reconnaît parmi ses influences les illustrations de Gustave Doré du roman de Jules Verne Voyage au centre de la terre (Hollein 2012, 312), mais aussi les travaux de l’architecte révolutionnaire Étienne-Louis Boullée et de l’architecte-philosophe Paul Virilio[5]. Hollein voulait « un projet spécial […] qui rappellerait la spécificité du lieu […] avec ce cône revêtu de doré, flamboyant comme une éruption […] ce cratère qui descend vers la source du magma[6]» Hollein collabore avec le paysagiste Gilles Clément à un aménagement total de l’espace, pour insérer le bâti au paysage naturel auvergnat.
Vulcania est inauguré le 20 février 2002 : si des critiques sur le projet du parc sont notamment dirigées contre Valéry Giscard d’Estaing, l’architecture de Hollein est en revanche unanimement saluée par la presse nationale, régionale et spécialisée. Le 4 juin 2003, Hollein reçoit le grade d’Officier de l’Ordre national de la Légion d’honneur par le président de la République Jacques Chirac. Hollein continue sa carrière à Vienne et à l’international, jusqu’à son décès, le 24 avril 2014, à l’âge de 80 ans. En 2025, le Centre Pompidou accueille l'exposition transFORMS, une grande rétrospective de l'œuvre de Hans Hollein, permettant à une nouvelle génération de découvrir l'œuvre de l'architecte autrichien.
Références et liens externes
- ↑ https://www.geschichtewiki.wien.gv.at/Franz_%C4%8Ci%C5%BEek
- ↑ http://www.architektenlexikon.at/de/241.htm
- ↑ https://www.hollein.com/ger/Schriften/Zeitschrift-Bau
- ↑ https://www.centrepompidou.fr/fr/programme/agenda/evenement/cbqoydy
- ↑ Hollein 2001
- ↑ Hollein, cité par Leclanché, 2012, 5
Bibliographie
Catalogues d'exposition
- Centre national d’art et de culture Georges Pompidou Paris, Hans Hollein : Métaphores et métamorphoses, Catalogue de l’exposition du 18 mars – 8 juin 1987, Paris : Centre Georges Pompidou 1987.
- Hollein, Hans : Hans Hollein, Tokyo : A + U Publishing Company 1985.
- Hollein, Hans, Weibel, Peter : Hans Hollein, Ostfildern : Hatje Cantz 2012.
Littérature secondaire
- Branscome, Eva : Hans Hollein and Postmodernism: Art and Architecture in Austria, 1958-1985. London/New York : Routledge,Taylor & Francis 2018.
- De Chiffre, Lorenzo, Eder, Benni, Krenn, Theresa : Hollein Calling: Architectural Dialogues, en collaboration avec l’Architekturzentrum Wien, Zürich : Park Books 2023.
- Eiblmayr, Judith : « Zum Mittelpunkt der Erde », In Die Presse, supplément « Spectrum », 3 novembre 2001.
- Leclanché, Sophie : « Les dix ans d’une intégration réussie ». In La Montagne, 6 juillet 2012, p. 5.
- Scherer, Solène : « Entretien avec Theresa Krenn et Benni Eder, du Studio Eder Krenn, Vienne, architectes et concepteurs de l’exposition Hollein Calling. Architectural Dialogues ». In Les Cahiers de la recherche architecturale urbaine et paysagère, No21, 2024. URL : http://journals.openedition.org/craup/15312
- Von Bamford, Lawrence : The Architecture of Hans Hollein: Buildings and Projects, 1954-1994. 3 vol., Ann Arbor : University of Michigan 1994.
Film documentaire
- « Hans Holleins Vulcania », réalisation Paulus Manker, 2002.
Auteur
Solène Scherer
Mise en ligne : 26/02/2024