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*Kassner, Rudolf : « Paris-1900 ». In : Ernst Zinn / Klaus E. Bohnenkamp (Hg.) : Umgang der Jahre, Sämtliche Werke. Pfullingen 1969–1991 (Bd. IX), p. 358–391. | *Kassner, Rudolf : « Paris-1900 ». In : Ernst Zinn / Klaus E. Bohnenkamp (Hg.) : Umgang der Jahre, Sämtliche Werke. Pfullingen 1969–1991 (Bd. IX), p. 358–391. | ||
*Kassner, Rudolf : Briefe an Tetzel, hg. von Ernst Zinn / Klaus E. Bohnenkamp. Pfullingen 1979, p. 69–93. | *Kassner, Rudolf : Briefe an Tetzel, hg. von Ernst Zinn / Klaus E. Bohnenkamp. Pfullingen 1979, p. 69–93. | ||
*[André Gide|Gide, André]] : Philoktet oder der Tractat von den drei Lebensanschauungen, übersetzt von Rudolf *Kassner. In : Wiener Rundschau 5, Nr. 3 (1. Februar 1901), p. 50–60. | *[[André Gide|Gide, André]] : Philoktet oder der Tractat von den drei Lebensanschauungen, übersetzt von Rudolf *Kassner. In : Wiener Rundschau 5, Nr. 3 (1. Februar 1901), p. 50–60. | ||
===Textes de Kassner traduits en français=== | ===Textes de Kassner traduits en français=== |
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Écrivain et essayiste, Rudolf Kassner (* 11 septembre 1873 Groß-Pawlowitz (Mähren) / Velké Pavlovice, † 1er avril 1959 Siders (Sierre/Wallis) a été – malgré un handicap dû à une poliomyélite contractée dans sa prime enfance – un grand voyageur qui, surtout dans sa jeunesse, a aimé séjourner assez longuement à l’étranger, d’abord en Grande-Bretagne (1897-1898), puis en France : il réside à Paris de mars 1900 à début décembre 1900 mais, sur recommandation de ses médecins, il passe les mois d’été à Cancale. De ces premiers contacts directs avec la culture française, et en particulier avec le monde littéraire de l’époque, naîtront plusieurs amitiés, en particulier celle qui le liera longuement à l’écrivain André Gide. Après d’autres voyages qui le mèneront jusqu’en Algérie, en Inde ou en Russie, il vivra principalement en Allemagne et en Autriche mais passera les dernières années de sa vie (de 1945 à 1959) dans le Valais (à Sierre), où il est enterré.
Biographie
Kassner, originaire de Moravie (il est né à Groß-Pawlowitz / Velké Pavlovice), a été étudiant à Vienne et Berlin (en histoire, littérature et philosophie) et, dès 1900, il fait paraître son premier ouvrage, consacré à l’esthétisme anglais (Die Mystik, die Künstler und das Leben). Cet opus, qui se présente comme une suite d’essais sur l’art et la philosophie de l’art des esthètes anglais de la seconde moitié du XIXe siècle (de Blake à Browning), annonce l’orientation future de tous les autres écrits de l’auteur : il s’agira pour Kassner de développer sa pensée et ses conceptions esthétiques et philosophiques selon un mode que l’on peut qualifier d’essayistique, dans lequel pensée et écriture se nourrissent mutuellement. C’est en suivant ce principe d’une écriture personnelle et plastique que seront composés ses nombreux ouvrages (10 volumes dans l’édition critique de ses Sämtliche Werke, publiées par Ernst Zinn et Klaus E. Bohnenkamp, Pfullingen, Neske 1969–1991), consacrés à l’esthétique mais aussi, entre autres sujets philosophiques, à une vision physiognomonique du monde et de l’être humain, ou encore à des réflexions sur les religions (en particulier sur l’hindouisme et le christianisme).
Le long séjour qu’a fait Kassner à Paris en 1900 a fortement influencé ses liens futurs avec la culture française. Pour découvrir pourquoi et comment ces mois parisiens ont compté pour ce jeune auteur, on peut se référer aux lettres écrites régulièrement à son ami berlinois Gottlieb Fritz, surnommé Tetzel (Briefe an Tetzel, Pfullingen : Neske 1979), récits assez spontanés de son séjour et de ses impressions parisiennes et qui témoigne de ses enthousiasmes et de ses rencontres, en particulier à la Closerie des Lilas, café où se croisent journalistes, écrivains et peintres de l’époque. C’est là que Kassner, souvent par l’intermédiaire de Gide dont il fait la connaissance très tôt après son arrivée à Paris, entre en contact avec les peintres Armand Seguin[1] (1869-1903) et Charles Guérin[2] (1875-1939), le critique Charles-Louis Philippe[3] (1874-1909) ou les écrivains Charles Chanvin[4] (1877-1953) et Henri Ghéon[5] (1875-1944). Dans ses lettres à son ancien compagnon d’études, on lit comment il s’est installé dans un petit hôtel de la rue Toullier (adresse qu’il indiquera plus tard à Rilke), pourquoi il s’est émerveillé en visitant l’Exposition universelle[6] mais aussi avec quelle déférence il a rendu visite à Maeterlinck[7]. Une autre source intéressante est à trouver dans un texte plus tardif, intitulé Paris-1900, rédigé autour de 1940 et paru en 1949 au sein de l’ouvrage autobiographique Umgang der Jahre, texte de la maturité dans lequel se mêlent souvenirs et réflexions a posteriori.
L’une des rencontres les plus marquantes pour Kassner lors de son premier séjour à Paris est assurément celle d’André Gide, rencontre qui allait devenir le fondement d’un lien d’amitié durable et qui est en partie le fruit des contacts que Kassner avait noués à l’université de Berlin, en 1896, avec Marcel Drouin[8], étudiant germaniste et futur auteur de l’ouvrage La sagesse de Goethe (1949), mais aussi beau-frère de Gide. Cette amitié a pu se nourrir de nombreuses discussions, notamment lors des séjours de Kassner à Paris, ainsi que d’échanges épistolaires, plus ou moins réguliers, qui ont ponctué cette relation de janvier 1900 à janvier 1948. Il faut néanmoins déplorer que cette correspondance soit incomplète puisque ne sont disponibles que les lettres reçues par Gide, à cause de la perte de nombreux documents personnels de Kassner lors de la Seconde Guerre mondiale. Que, dès les premiers échanges entre les deux écrivains, leurs affinités littéraires et culturelles se soient concrétisées par un jeu de traductions croisées, est un autre signe de leur proximité intellectuelle à cette époque. En effet, Gide avait traduit en français le chapitre « John Keats », extrait du premier ouvrage de Kassner, traduction parue dans la revue L’Ermitage en novembre 1900. Peu après, en 1901, paraissait à Vienne, dans la revue Wiener Rundschau, la traduction en allemand du Philoctète de Gide, réalisée par Kassner.
Au-delà de cette amitié entre les deux écrivains, il s’avère que Kassner, toujours curieux de nouvelles lectures et mettant à profit ses expériences culturelles à Paris – plus que les cours de français qu’il avait suivis au lycée et qu’il évoque avec une certaine ironie dans le Livre du souvenir –, a très vite manifesté son intérêt pour la culture française. Dès 1901, on lit ses premières parutions dans différentes revues littéraires autrichiennes ou allemandes sous la forme d’essais consacrés à la culture française. Les sujets abordés concernent Rodin (Noten zu den Skulpturen Rodins, 1900), les tapisseries des Gobelins (Die Ethik der Teppiche, 1900), son ami Gide (André Gide, 1901) ou Laforgue[9] (Die Moral der Légende. Zu einem Buche Jules Laforgues, 1901). Un peu plus tard paraitront un texte sur Baudelaire (Charles Baudelaire. Poeta christianissimus, 1903) ainsi qu’un long développement sur Diderot (Denis Diderot, 1906).
Kassner n’aura ensuite plus l’occasion de vivre si longuement à Paris, mais il effectuera d’autres séjours plus brefs à Paris, notamment en 1910, 1912, 1926, 1928 et 1930. Grâce à ces voyages en France et ses relations avec Gide, mais aussi avec d’autres personnalités du monde littéraire ou philosophique – il a eu quelques contacts avec Paul Valéry –, il pourra trouver une audience attentive, quoiqu’assez confidentielle, auprès de certains intellectuels français (par exemple Gabriel Marcel ou Jean Paulhan[10]). Des traducteurs (notamment la germaniste Geneviève Bianquis ou l’écrivain Philippe Jaccottet) feront œuvre de passeurs et permettront que paraissent en français, surtout à partir des années 1925, certains textes dans des revues – en particulier dans la revue Commerce[11], fondée par Marguerite Caetani, admiratrice des écrits de Kassner – ou sous forme d’ouvrages (voir Bibliographie).
Références et liens externes
- ↑ https://www.mbaq.fr/fr/nos-collections/ecole-de-pont-aven/armand-seguin-bretonnes-en-priere-558.html
- ↑ https://data.bnf.fr/fr/14975264/charles_guerin/
- ↑ https://charles-louis-philippe.fr/la-vie-de-charles-louis-philippe/
- ↑ https://musee-goupil.opacweb.fr/fr/notice/91-ii-8-263-1-mm-andre-gide-rouart-chanvin-etc-7e40c274-f891-4725-9b14-69b01d5f2250
- ↑ https://data.bnf.fr/11904791/henri_gheon/
- ↑ Tetzel, p. 77
- ↑ Tetzel, p. 80 s.
- ↑ https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb11326652k
- ↑ https://gallica.bnf.fr/html/und/arts-loisirs-sports/ecrivain-critique-dart-jules-laforgue
- ↑ https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/jean-paulhan
- ↑ https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32745348q/date
Bibliographie
Textes de Rudolf Kassner
- Kassner, Rudolf : « Paris-1900 ». In : Ernst Zinn / Klaus E. Bohnenkamp (Hg.) : Umgang der Jahre, Sämtliche Werke. Pfullingen 1969–1991 (Bd. IX), p. 358–391.
- Kassner, Rudolf : Briefe an Tetzel, hg. von Ernst Zinn / Klaus E. Bohnenkamp. Pfullingen 1979, p. 69–93.
- Gide, André : Philoktet oder der Tractat von den drei Lebensanschauungen, übersetzt von Rudolf *Kassner. In : Wiener Rundschau 5, Nr. 3 (1. Februar 1901), p. 50–60.
Textes de Kassner traduits en français
- « John Keats, par Rudolf Kassner », trad. d’André Gide, L’Ermitage. Paris 1900, vol. 2, p. 329–355.
- « Le Lépreux (Notes apocryphes de l’empereur Alexandre Ier de Russie) », trad. de Marguerite de Bassiano. In : Commerce, Cahier V (1925), p. 95–122.
- « Sören Kierkegaard », trad. d’Alix Guillain. In : Commerce, Cahier XII (1927), p. 155–164.
- « La Chimère », trad. de Bernard Groethuysen et Jean Paulhan. In : Commerce, Cahier XVII (1928), p. 95–136.
- « Le Christ et l’âme du monde », trad. de Jean Paulhan. In : Commerce, Cahier XXII (1929), p. 214–245.
- « L’individu et l’homme collectif », trad. de Jacques Decour. In : Commerce, Cahier XXVIII (1931), p. 199–229.
- « Des éléments de la grandeur humaine », trad. de Marie de la Tour et Taxis. In : Commerce, Cahier IX (1926), p. 105–170. (Repris dans Les éléments de la grandeur humaine, Paris : Gallimard, NRF 1931.)
- Livre du Souvenir. trad. et préface de Robert Pitrou. Paris : Stock 1942.
- « L’agonie de Platon », trad. de Philippe Jaccottet. In : Botteghe oscure, Quaderno IX, Rome 1952, p. 106–125.
- « L’enchanteur. Légende et interprétation », trad. de J.-F. Angelloz et R. Niemann. In : Mercure de France 322, n° 1095 (1954), p. 385–407.
- Évocations et paraboles, trad. de Geneviève Bianquis. Paris : Plon 1956.
- La Métamorphose. Physiognomonie et physionomie, trad. d’Yvonne Bollmann. Paris : Le Nouveau Commerce 1990.
- « Loris », trad. de Jean-Yves Masson. Marseille : Sud 1991, p. 283–294.
Kassner et la France
- Bohnenkamp, Klaus, Foucart, Claude : « Rudolf Kassners Briefe an André Gide ». In : Jahrbuch der deutschen Schiller-Gesellschaft XXX (1986), p. 83–127.
- Bohnenkamp, Klaus E. : « Rudolf Kassner und André Gide ». In : Germanisch-romanische Monatsschrift 29 (1979), p. 94–102.
- Méry, Marie-Claire : « Literarische Kontakte zwischen Wien und Paris um 1900: Wahl- und Geistesverwandtschaften zwischen Rudolf Kassner und André Gide ». In : Véronique Liard, Bernhard Spies (Hg.) : Aneignung und Abgrenzung. Studien zur Relativität kultureller Grenzziehungen zwischen der französischen und der deutschsprachigen Literatur im 19. und 20. Jahrhundert. Frankfurt/M.: Peter Lang 2013, p. 47–61.
- Méry, Marie-Claire : « Un Autrichien à Paris en 1900 : Les visions plurielles de Rudolf Kassner ». In : Marc Lacheny / Maria Piok / Sigurd Paul Scheichl / Karl Zieger (Hg.) : Französische Österreichbilder – Österreichische Frankreichbilder. Berlin : Frank & Timme 2021, p. 175–196.
- Méry, Marie-Claire : « Rudolf Kassner et André Gide : rencontres littéraires dans les années 1900 » ; en annexe, traduction de l’essai de Rudolf Kassner « André Gide ». In : Bulletin des Amis d’André Gide (BAAG) n° 217/218 (printemps 2023), p. 67–84 et p. 85–90.
Auteur
Marie-Claire Méry
Mise en ligne : 08/10/2024